Le modèle chinois, précurseur de la société du futur ?

Un certain nombre de Français sont choqués d'apprendre que la Chine met en place un système de "crédit social". Chaque citoyen dispose d'un capital initial de points qui peut s'éroder ou augmenter suivant le comportement constaté de l'individu dans la société.

En France, nous avons le blocage de la carte bancaire si les dépenses excèdent la provision disponible et le retrait de points du permis de conduire en cas d'infractions au code de la route.
Au fond, le système est un peu le même, mais il a pour conséquence d'irriter fortement les Français. Et puis on s'y fait... Et les plus indisciplinés des Gaulois finissent par avoir un comportement citoyen et responsable.

Quel est le résultat en Chine ? Quelques millions de Chinois auraient ainsi déjà été privés d'acheter des billets d'avion ou de train.
Quand on sait que les voyageurs SNCF sans billet sont en augmentation régulière, on se pose la question : comment discipliner les Français ? Le récent comportement de Jean-Luc Mélenchon pendant la perquisition chez lui en dit long sur l'état d'esprit d'une partie significative de la population française : "insoumise", comprenez "délinquante".

Pour ma part, je crois qu'un système de "crédit social"  instauré en France aurait beaucoup de vertus. Il faut bien évidemment soigneusement en étudier les termes, mais le principe est bon. Pour moi, les Français sont gavés de la perception de leurs droits individuels, mais rebelles au rappel de ce qui pourrait être leurs devoirs. La fraude est le plus pratiqué de nos sports nationaux, et les Français en sont fiers.

Le numérique arrive et change la donne : il va permettre aussi de discipliner les citoyens. C'est une bonne nouvelle.   

 

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Commentaires

Cela me semble effrayant. Une immense différence entre le permis à point et le crédit social chinois est l'universalité de la surveillance et la globalité de la sanction. Un exemple, la fraude fiscale qui détruit nos collectivités : Que dirions-nous si une fraude nous privait du droit de conduire, ou de notre retraite ? (c'est aussi la Chine qui a inventé la mort sociale pour les "seconds enfants", à l'époque de l'enfant unique: privés de carte d'identité, de sécurité sociale, d'éducation...).

Je fait partie des "choqués" pour ne pas dire davantage.

Nous sommes déjà sous l'emprise de "big brother" quant à la captation de nos données personnelles par des organismes à but lucratif. Nous n'en avons d'ailleurs pas encore mesuré toutes les implications (lorsque les assureurs s'en empareront par exemple pour "ajuster" nos polices).

Là, ce sont nos faits et gestes qui seraient scrutés en permanence pour établir ce "crédit social". Avant qu'un régime encore plus autoritaire (et on commence à en voir fleurir de nouveaux ici et là, y compris en Europe) n'en fasse un usage de plus en plus coercitif.

Contrairement à nombre de gens qui jurent haut et fort qu'ils n'ont "rien à cacher", je trouve, moi, que j'ai beaucoup de choses à cacher : toute ce qui fonde ma liberté (de penser, d'agir, y compris en assumant de désobéir à la loi à mes riques et périls).

Avant le crédit social, il y a le contrôle social qui est de toutes les époques parce qu’il n’y a pas de société viable sans la domestication des pratiques individuelles. La modernité du consumérisme l’a fait reculer mais à l’échelle de l’histoire c’est une période très courte. Il faut lire l’excellent La France d’hier du sociologue Jean-Pierre Le Goff pour se remémorer le niveau de contrôle sur les individus jusqu’à la fin des années 50. Depuis les pratiques individuelles et libres ont foisonné pour notre bonheur et notre malheur tant les externalités négatives sont nombreuses. Il est illusoire de penser que le monde qui nous attend (en 2050 : 9 milliards d’habitants avec un niveau de consommation comparable à celui d’aujourd’hui) laissera notre latitude individuelle intacte, le contrôle/ crédit social sera généralisé et massif. L’enjeu est davantage de fabriquer nos propres normes et règles et de les rendre supportables. L’article de Philippe est provocateur à juste titre : l’enfer c’est de se voir imposer le contrôle social des autres.

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