Dura lex sed lex...

L'affrontement entre les syndicats SNCF et le gouvernement se "durcit"-il ? Oui, quand on voit bien qu'il se focalise sur l'abandon du statut de "cheminot". Retour sur le coeur du sujet.

Les générations antérieures de cheminots ont travaillé dur, dans des conditions éprouvantes. Dans les locomotives à vapeur, le conducteur enfournait le charbon et subissait la chaleur du foyer. Il avalait des poussières de charbon à longueur de temps. Le statut de cheminot est la magnifique conquête sociale de ces générations.

Aujourd'hui, un conducteur est assis confortablement dans sa cabine, totalement abrité du vent, de la pluie, du soleil et de toutes les poussières qui pourraient lui arriver dans l'oeil et dans les poumons. Il ne souffre pas plus, il ne vieillit pas plus vite qu'un fonctionnaire assis devant son ordinateur. Le progrès immense des technologies a permis tout cela. Aujourd'hui, 130 000 des 145 000 salariés de la SNCF bénéficient de ce statut. Pourquoi ces gens-là bénéficieraient ils d'un statut plus protecteur que l'immense majorité des travailleurs sous contrat ? Pourquoi bénéficieraient-ils d’un emploi garanti à vie ?

Ce statut fait aujourd'hui des cheminots des privilégiés.

Le « vot'action » organisé par les syndicats SNCF revient à poser aux cheminots la question suivante : "Vous bénéficiez d'un statut anachronique avec lequel la majorité des Français n'estime pas utile de continuer à embaucher. OK, vous cheminots avez été embauchés avec ces conditions et ce contrat anachronique n'est donc pas remis en cause pour vous-mêmes. Mais pour uniquement les nouveaux entrants. La loi voulue par 60 % des Français et votée par 80 % des députés prévoit l'abandon de ce statut et son remplacement par un contrat classique dans le monde du travail. Etes-vous pour ou contre la loi votée ?"

"On ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs". Ce proverbe populaire peut se décliner en : "Une réforme sociale qui supprime les avantages devenus injustifiés d'une minorité rend forcément mécontents cette minorité. Si on laisse les représentants de cette minorité décider, sous prétexte que c'est eux qui sont les plus concernés, on ne fait jamais de réforme."

Le résultat du « vot'action » illustre parfaitement cette situation.
Ce résultat est normal, il était attendu, et pour autant la loi doit passer. 

DURA LEX, SED LEX.       

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Commentaires

La CGT est elle tombée dans un piège ourdi par le gouvernement et la CFDT ?

Aujourd'hui, 20juin 2018, la CGT a le choix entre :

1) Continuer une grève totalement inutile, coûteuse pour les grévistes, et de surcroît largement impopulaire.

2) Arrêter une grève plus tôt qu'annoncé, et passer pour capituler lamentablement sans avoir à son actif le moindre résultat (les avancées en faveur des salariés SNCF sont à l'actif de l'UNSA et la CFDT)

La récente rencontre "secrète" entre Macron et Berger a peut être scellé ce piège. Les deux en sont capables.

L'important est que les salariés SNCF constatent le fiasco de la CGT, et en tirent les conséquences lors des élections professionnelles de l'automne. La mesure du recul de la CGT à la SNCF est très attendue.

 

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