Chine : Renminbi goes global

Le renminbi va faire partie du « panier » constitutif du droit de tirage spécial (DTS), la monnaie de réserve du FMI. Il rejoindra dans moins d’un an quatre autres devises (dollar, euro, sterling, yen) qui toutes remplissent deux conditions : le pays émetteur figure parmi les principaux exportateurs de la planète, sa monnaie est librement utilisable c’est-à-dire qu’elle permet des paiements internationaux et qu’on peut la négocier sur des marchés des changes.

Avec cette décision le FMI prend acte des évolutions de la planète économie. Il salue les progrès monétaires de la Chine, en volume et en qualité ; non seulement la Chine pèse lourd mais elle est plus ouverte et plus favorable aux forces du marché. A Washington on fait le pari que les autorités chinoises accepteront la responsabilité de leur puissance et adopteront le crédo du FMI – et de la pensée monétaire américaine – depuis 1945 : les puissances doivent mettre à disposition de tous des instruments de réserve et d’échanges pour favoriser le développement. Une Chine mieux intégrée c’est aussi un système monétaire plus stable et plus résilient. Côté Chine, on souhaitait cette évolution. La monnaie est un formidable indicateur des rapports de puissance et il était clair que l’espèce de suzeraineté qui consiste à régler ses échanges avec la monnaie d’un autre serait, à terme, insupportable. Pékin doit maintenant accepter le poids accru du marché et les risques qui vont avec. Notamment un risque : des achats massifs provoqueraient l’appréciation du renminbi et le renchérissement des exportations. Et c’est justement la question. Quel va être le statut et l’image de cette nouvelle monnaie internationale aux yeux des autres pays? Il existera désormais une alternative monétaire, non occidentale, pour placer ses réserves. On sait par exemple que le Nigéria piaffe d’impatience pour libeller une partie de sa rente pétrolière en renminbi. Le crédit des nations, c’est-à-dire leur capacité d’insertion dans les échanges internationaux, dépend de la qualité de leurs réserves. Jusqu’à maintenant « qualité » signifiait détenir des actifs libellés en devises « occidentales », y compris celle du Japon. La Chine vient de briser ce monopole. Le basculement de la planète vers moins d’Occident est un mouvement d’ampleur. Avec le renminbi on va mesurer, très concrètement, le désir d’alternative à l’Occident.    

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Commentaires

C'est en effet une avancée vers ce qui sera un jour une monnaie unique mondiale.
Sauf erreur, les PIB des Etats de ces cinq monnaies feront ainsi plus de 50 % du PIB mondial, donc les monnaies hors DTS seront devenues minoritaires.
On peut s'en féliciter.

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