2018 : le crépuscule du G7 ?

Le centre de gravité du monde s'est déplacé. Il n'est plus à New York, il est à Shangaï. Retour sur l'état du monde en 2018.

Le G7 s'est tenu au Canada et il a montré le désaccord profond de ses membres sur des questions centrales comme le climat, le protectionnisme et la prolifération nucléaire. Trump, seul contre tous, a sans doute signé la fin de l'hégémonie des USA. De l'autre coté du monde, en Chine, se tenait le sommet de l’OCS.

Vous avez dit OCS ? C'est quoi ? C'est l'Organisation de Coopération de Shanghaï. L'OCS regroupe aujourd'hui des Etats qui, à tous points de vue, pèsent ou pèseront bientôt plus que le G7.

Est ce possible ? C'est plus que possible, c'est désormais certain !

Les Etats du G7 : USA, Canada, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Japon. Les Etats de l'OCS : Chine, Russie,  Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Inde, Pakistan, bientôt l’Iran… Qu'on regarde bien : au vu de quatre trois critères fondamentaux, l'OCS actuelle pèse déjà plus que le G7 :

1) nombre d'Etats détenant l'arme nucléaire : G7, trois ; OCS, quatre

2) population totale : G7, sept cents cinquante millions ; OCS, trois milliards.

3) superficie totale : G7, 19 millions de km2 ; OCS, 37 millions de km2.

4) richesses du sous sol : elles sont, grosso modo, en proportion des superficies.

Sur le critère du PIB, le G7 pèse encore un peu plus que l'OCS, mais l'écart fond comme la neige au soleil. Avant 2025, le PIB de l'OCS pèsera plus que celui du G7. Le PIB est d'ailleurs une mesure de plus en plus controversée. Ne faudrait-il pas plutôt compter le nombre d'emplois qualifiés ? Le niveau des salaires dans les différents pays distord la comparaison de la force des économies réelles.

Que faut-il penser de la clownerie de Trump au G7 ? Rien de bon. Seulement l'étalage des gesticulations du G7, une instance décidément de moins en moins crédible aux yeux du reste du monde.       

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Commentaires

Oui, en termes quantitatifs, l'OCS sera bientôt devant le G7 dans tous les compartiments du jeu mais le "qualitatif" compte aussi: gouvernance, qualités des politiques publiques dont la santé, éducation, lutte contre la corruption, élections libres, etc. C'est la capacité, et la volonté, de mettre un peu d'ordre dans un monde global, souvent chaotique, qui fait la légitimité du G7 et de l'Occident en général. A ce titre Trump nous tire un balle dans le pied à tous.

Pour ce qui est de "mettre un peu d'ordre dans un monde global, souvent chaotique", le compte n'y est pas. Les interventions "brouillonnes" en Irak, en Lybie, en Syrie, ont plutôt mis du chaos dans un monde sinon raisonnable, du moins régulé.

Les "trumpinades" actuelles des Etats-Unis accélèrent la dégradation du leadership moral de l'Occident, déjà largement entamé par les événements cités précédemment.

L'Europe (pour l'instant au moins) n'étant pas prête à le relever, on peut, en effet, se demander si le leadership moral ne va pas, lui aussi, migrer à... Shanghaï.

Mon cher Philippe
Saddam Hussein, Mouammar Kadhafi et Bachar El Assad ne sont sûrement pas les bons exemples à citer comme exemplaires de "l'esprit de Shangaï".
Prenons, au contraire, Singapour.
Voilà un Etat de 5 millions d'habitants, sans aucune richesse naturelle, qui domine le monde par sa réussite technique, économique et sociale.
Classé n°1 mondial dans la qualité de son éducation, cet Etat comprend 65 % de Chinois d'origine (boudhistes), 15 % de Malais d'origine (musulmans), 10 % d'Indiens d'origine, le reste disparate. Tension ethnique ? Aucune. Affrontements religieux ? aucun. Tous au travail, sans statut protégé pour personne.
Jalousé par ses voisins, Indonésie et Malaisie, Singapour se permet d'organiser et de financer la rencontre Trump/Kim, un succès politique et médiatique.
Quel est le secret de sa réussite ? Les nations de l'"Occident" devraient y réfléchir au lieu de camper sur leurs acquis et prétendre être un exemple pour le reste du monde;

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