Croissance économique et inégalité en Chine hier, aujourd’hui, demain

Le professeur Zuo Xuejin, Président de l’Académie des Sciences Sociales de Shanghaï, a expliqué la stratégie de la Chine sur les inégalités dans le cadre du cycle Ethique et Economie organisé par notre ami Bernard Esambert, à l’Institut de France.  Il a fait appel à la pensée confucéenne pour expliquer que la politique suivie respecte un principe d’équilibre entre la protection des travailleurs et la flexibilité du marché,.

Au cours de la période d’économie planifiée de la Chine, l’égalité était relativement importante, mais au prix d’un revenu faible par habitant (de l’ordre de 275 €). Ensuite, lorsque la situation a évolué vers une économie de marché à partir de la fin des années 1970, l’inégalité a augmenté, en particulier dans les grandes villes, de 1980 à 2000. Au début des années 2000, le coefficient de GINI (coefficient de dispersion d’une distribution représentant ici l’inégalité) n’a cessé d’augmenter pour atteindre le haut niveau de 0,5, faisant de la Chine un des pays les plus inégalitaires au monde (par comparaison, ce coefficient est de 0,3 en France). A ce propos le professeur cite les thèses de Thomas Piketty, économiste ayant démontré qu'un retour sur investissement qui dépasse le taux de croissance crée une répartition inégale de la richesse et tend à induire de l’instabilité socio-économique.

Zuo Xuejin s’appuie aussi sur une autre de ses spécialités, l’économie sociale de la population, et évoque la recherche d’un point d’équilibre entre les ruraux et les citadins. Ces derniers sont davantage imposés, tandis que les premiers reçoivent des subventions de l’Etat, une protection sociale renforcée, et une juste rémunération des produits vendus à la grande distribution, ainsi qu’une instruction des enfants financée par le pouvoir central. Ces dispositions, ainsi que bien d’autres, ont permis de faire diminuer le fameux coefficient de 5% au moins. Des possibilités ont été ouvertes au monde rural pour émigrer vers les villes (80 millions de ruraux ont bénéficié de ce mouvement), mais tout en conservant leur statut de ruraux. Le pouvoir central est conscient des grandes inégalités dans le pays, et tente de confirmer l’inversion des courbes évoquées ci-dessus, en mettant en place des nouvelles réformes socio-économiques.

Les politiques suivies s’inspirent, explique Zuo Xuejin de la pensée confucéenne. Citons certains préceptes retenus par le conférencier, tels que « la voie du milieu », et « l’excès ou l’insuffisance se valent », le premier ayant pour but d’éviter les extrêmes, et le second enseignant qu’en faire trop est aussi mauvais que de ne rien faire. « La tyrannie est pire que les tigres » est citée en référence à une fiscalité accablante. Enfin, le penseur Meng Zi, successeur de Confucius, donne, explique-t-il, la priorité au peuple, devant l’Etat et le souverain dans la société chinoise.

Retrouvez le texte de la conférence en français  ici

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