La France a-t-elle enfin basculé dans le réalisme ?

La première place surprise de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite et du centre traduit une évolution essentielle de l'électorat.

Tout d'abord, le taux de participation a dépassé tous les pronostics : plus de quatre millions de votants, là où Thierry Solère, l'organisateur, n'osait pas en espérer trois millions deux jours avant le vote. C'est peut-être le retour aux urnes du premier parti de France,  les abstentionnistes. Ensuite, c'est la plus grande erreur des sondeurs, de mémoire d'homme, depuis que les sondages organisés existent. A 10% début novembre, Fillon est monté à 18 % le 10 novembre, à 30 % deux jours avant le scrutin. Personne, aucun sondeur, n'envisageait 44%. Enfin, c'est le constat que le "parler vrai", comme disait Rocard, est ce qui plaît le plus à la majorité des électeurs. Le programme économique, "d'une grande brutalité sociale" selon Alain Juppé, annoncé sans détour aux Français par Fillon, asseoit sa crédibilité et rallie les suffrages.

Un autre candidat annoncé "parle vrai", c'est Emmanuel Macron. "Il faut remettre à plat le statut d'emploi à vie des fonctionnaires, il ne faut pas protéger les emplois, mais les individus" : des phrases douloureuses mais réalistes.Comme Schröder en Allemagne, qui a lancé les réformes douloureuses mais salutaires (l'insolente réussite allemande depuis ces réformes le prouve), deux candidats français, peut-être trois si Valls apparaît, semblent choisir le réalisme.

Le match de la présidentielle sera-t-il, enfin, un concours de réalisme et de courage politique, indépendamment des idées défendues ?

Share

Ajouter un commentaire