Vraies statistiques, fausses conclusions

Cigales les Américains ? Oui mais pas tant qu’on le dit !

Fourmis les Français ? Oui mais pas tant qu’on le croit !

A lire les statistiques, le taux d’épargne est quasi nul aux Etats-Unis et relativement élevé en France. C’est vrai … si l’on ne tient pas compte des retraites c’est-à-dire de tout l’argent récolté aux Etats-Unis par les fonds de pension.

Cet argent, qui n’est pas disponible avant l’âge de la retraite, constitue une épargne particulièrement adaptée aux placements à long terme. Les Français n’ont pas d’équivalent puisque la retraite par répartition s’effectue à partir des revenus des actifs pendant l’année courante. Les statistiques ne sont pas mensongères mais les comparaisons peuvent être trompeuses. Tout est affaire de définitions et de catégories.

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Commentaires

J'aimerai, cher Marc, apporter deux précisions :

- le financement des retraites par capitalisation, à l’américaine, - c’est implicite dans votre texte - conduit chaque cotisant à mettre de côté les sommes qui seront nécessaires, le moment venu, pour lui servir ses annuités de retraite ; des calculs anciens, mais sans doute toujours valables, font apparaître que, toutes choses égales d’ailleurs, et pour verser un montant équivalent de prestations de retraite, il faut disposer de réserves cinq à sept fois supérieures dans le système par capitalisation que dans le système par répartition ; ceci explique, entre autres, pourquoi les fonds de pension américains détiennent un % aussi élevé des sociétés du CAC 40…

- le vif engouement des français pour l’assurance vie traduit bien leur crainte de voir le système par répartition se gripper de plus en plus (notamment parce que les chômeurs ne contribuent pas à son financement, et parce que le vieillissement de la population conduit à une diminution inéluctable du ratio actifs / retraités).

La réalité des chiffres montre en effet que la retraite par répartition a eu un avantage extraordinaire par rapport à la capitalisation : elle a permis sur les longues périodes de croissance forte de ne faire cotiser, donc de prélever au total sur les salaires des gens (part salarié plus part patronale) qu'un montant infime par rapport à la provision qu'il aurait fallu constituer pendant 40 annnées complètes de vie active pour disposer, à l'âge de 60 ans par exemple, d'un capital aliéné suffisant pour payer pendant la durée de vie prévisible des retraités, un niveau de retraite aussi élevé que celui des retraités actuels. Ce capital est aussi appelé "constitutif de rente viagère ". Le taux de cotisation normal aurait du être près de 15 fois plus élevé...

Autrement dit si le taux de cotisation par exemple pour la retraite en répartition a été, pour fixer les idées, de 2% du salaire brut, il aurait fallu provisionner près de 30 % de ce même salaire et sur la même période pour constituer le capital consitutif de rente suffisant pour payer une rente viagère équivalente à celle perçue par les retraités actuels.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Que pendant des années, les taux de cotisation subis par les salariés en prévision du montant de leurs retraites actuellement perçues n'ont pas été assez élevés !

Pourquoi cela ?

Tout simplement parce que le système par répartition a permis de "minimiser l'effort nécesaire" à consentir dans la durée par rapport à ce qui aurait nécessaire.

Tout le monde était content car les retraites ont ainsi progressé bien plus vite en réalité que la croissance réelle de la richesse commune.

Cela ne pouvait durer.

Nous avons tous été victimes ( je parle de tous les partenaires sociaux concernés ) d'une illusion d'optique car le fait que nous ayons été en mesure de payer au plus juste les retraites au début de l'application du système ( très peu de retraités avec de bonnes retraites relatives et beaucoup de salariés dont les salaires sont en croissance ) était seulement du au fait que nous vivions tous " au jour le jour sans penser au lendemain."

Il n'y a pas à chercher bien loin l'origine du problème de nos retraites.

Tout était prévisible mais et nous avons préféré jouer tous ensemble à l'autruche

Nous avons seulement tous manqué de vigilance !

Ce qui peut aller dans le sens d'une sorte d'injustice entre générations c'est que les "cigales des années passées" ont mis en place un système qui a fait d'elles "les écureuils des années futures".

Qui fabriquera les noisettes ?

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