La drogue et la dette

081127-dettepubliqueamericaine.jpgS’il n’y avait pas de clients pour acheter de la drogue, il n’y aurait ni « labos » pour en produire ni « dealers » pour en fournir. De même, les « abus de Wall Street » n’auraient pas eu lieu si l’offre n’avait pas correspondu à une demande.

Les consommateurs américains – et quelques autres dont les anglais – ont cherché à compenser par l’endettement la quasi stagnation de leurs revenus. Les statistiques font ressortir que, pendant ces dix dernières années, les salaires réels aux Etats-Unis ont augmenté d’environ 2% (soit, en moyenne, 0,2 % par an). Elles montrent également que, si les consommateurs ne s’étaient pas massivement endettés, la croissance, sur cette même période, n’aurait pas été de 2,7 % (par an) mais d’à peu près la moitié.  

A court terme, la purge est inévitable et, à moyen terme, l’allure pourrait devenir « normale ». C’est dire que les Etats-Unis – et pas seulement eux – devront se satisfaire d’un rythme de croissance compatible avec le vrai développement de leur économie. Une économie qui ne pourra plus être « dopée » par la dette.

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Commentaires

Cher Marc,

Merci pour ce billet avec lequel je souscris avec contentement.

Je crains en effet que beaucoup de beaux esprits aient oublié depuis longtemps une simple évidence. Il ne peut y avoir d'échanges réels et donc d'économie s'il n'y a pas rencontre quelque part d'un vendeur et d'un acheteur. Notre PNB ne mesure pratiquement que cela !

Or, et ce n'est pas un syllogisme, pour qu'il y ait un acheteur qui "achète" il faut qu'il ait la capacité d'acheter, dans un système basé sur la monnaie.

Du coup, celui qui cherche à "vendre",va devoir trouver un chemin parmi plusieurs écueils :

- soit il rend "accroc" l'acheteur de manière à ce qu'il fasse n'importe quoi pour se procurer la monnaie nécessaire,

- soit il participe à une "réelle solvabilité" de l'acheteur en redistribuant, dans un circuit court, un partie de la "valeur ajoutée" contenu dans son prix de vente (ie son chiffre d'affaires). Il peut le faire soit par le canal des traitements et salaires, soit par le canal de la répartition des bénéfices. Certes cela peut provoquer une légère inflation mais si les revenus savent compenser pour part cette inflation, la croissance des ventes sera au rendez-vous.

- soit il rend "artificiellement solvable" l'acheteur en lui fournissant la quantité de monnaie nécessaire, assortie d'une reconnaissance de dette. C'est le crédit. De ce fait, celui qui "encaisse la monnaie immédiatement" s'enrichit au détriment du prêteur de deniers qui n'est, au final, garanti que par la capacité de l'acheteur à assurer dans une durée suffisante des revenus récurrents.

Or pour "vivre" le banquier doit faire de plus en plus de crédits et donc prend des risques de plus en plus forts qu'il cherche à partager avec d'autres acteurs de l'économie et qui, à la fin des fin, devront être pris, un jour ou un autre, par l'ensemble de la collectivité (les Etats, les citoyens-consommateurs)

Certains disent qu'au lieu de s'endetter à titre "individuel" on peut aussi s'endetter à titre "collectif" ...

Bref, tout le monde se tient par la "barbichette" !!!

Il existe heureusement une autre voie, mais qui, selon mon humble avis, n'est qu'une illusion, comme la drogue est une illusion. C'est celle de la délocalisation vers des pays à coûts du travail faible et à taxation quasi nulle.

L'effet est garanti pour le "vendeur" car il sait bien que la flexibilité de prix dans les pays riches est plus faible que celles des salaires dans les pays moins riches et... tant que cela dure, cela permet à chaque "acheteur" de se croire toujours riche pour un temps et d'avoir un pouvoir d'achat ressenti en croissance.

Cela dit, cette voie a une limite logique puisque si tous les vendeurs font le même raisonnement, il n'y aura plus aucun moyen de fournir des revenus d'activité aux acheteurs et le "système" s'étouffera tout seul...

Cela est tellement simple à comprendre que les plus grands spécialistes nous font croire qu'il s'agit d'une illusion d'optique.

Mais, heureusement, chacun peut constater que les plus grands spécialistes le sont surtout dans leur capacité à ne pas anticiper les choses...

L'actualité récente n'est-elle pas là pour nous le rappeler ?

HPS

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