La crise de l’euro sera en 2012 la « crise de trop » pour la banque universelle

Dans l’attention portée à la « crise de l’euro », on peut voir le succès fascinant de la finance post Lehman. En deux ans, on est passé d’une unanimité des Etats pour modifier le comportement des banques, responsables de la crise, à une foire d’empoigne entre les Etats devenus les nouveaux « responsables de la crise ».

Américains et Britanniques pleurent des larmes de crocodile sur les malheurs de l’euro ; et les dirigeants français pensent tellement fort que les marchés devraient ratatiner la Livre qu’ils le disent publiquement. Voici comment, une fois de plus, les Etats se retrouvent, en 18 mois, « curiacés » par la finance

Alors, que parier sur l’euro ? Passera-t-il Noël 2013 ? Pour les paris, comme en assurance, l’important est de bien définir le fait générateur. Mais l’un des scénarios les plus commentés depuis 18 mois (la crise de l’euro) est un des plus obscurs.

Il était d’abord implicitement admis qu’une « crise de l’euro » équivaudrait à ce qui se  passe d’habitude pour une devise en crise : une chute brutale de sa valeur. Rien de tel ne s’est produit et l’euro reste encore très (trop ?) cher pour nos exportations. Les Cassandre sont retombés sur leurs pieds en faisant valoir que la chute serait institutionnelle. Mais de quoi s’agit-il ?

  • Est-ce la sortie d’un pays et par exemple la Grèce ? J’observe que les Grecs, au pied du mur, se sont accrochés à l’euro comme bernique à son rocher, et donc je n’y crois pas non plus. Mais au fond c’est assez secondaire : l’euro aurait sûrement pu attendre un peu avant d’accueillir la Grèce, et ne mourrait pas de son départ.
  • Est-ce la disparition de l’Euro, avec retour de chacun à sa devise d’ici Noël 2013 ? Je n’y crois absolument pas et suis prêt à le parier si des membres des Vigilants sont d’un avis différent et suffisamment joueurs !

Je préfère parier que la tension actuelle va sonner le glas de la banque universelle ; et d’abord ouvrir en France un débat qui s’est déjà tenu au Etats-Unis et en Grande Bretagne.

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Commentaires

@ Jerôme,

Vous qui connaissez bien le monde de la finance et de l'assurance internationales, oseriez-vous nous dire clairement, sur cette tribune, pourquoi ce débat n'arrive-t-il pas à s'ouvrir sur la place publique en France ?

Quels sont les freins en cause ?

Bonjour Henri-Paul,
c'est une question intéressante sociologiquement. J'essaie une réponse.

-Il y a la puissance du lobby financier, mais il est aussi puissant à Londres et à Washington.

-Il y a la technicité : peu de gens osent s'exprimer sur ce sujet difficile : là encore, comme ailleurs.

-Cela tient plus je pense à une plus forte révérence des autorités en France (les journalistes par exemple sont beaucoup moins agressifs) et à une consanguinité des élites (Banques, Bercy, Banques de France) probablement encore pire qu'ailleurs. Une élite qui sait aussi sonner le rassemblement sur le thème de l'intérêt national : défendre le mode d'organisation qu'ont choisi nos grandes banques, c'est défendre la France ! Il y a aussi peut-être en France l'amour des choses compliquées, voir absconses : nos jeunes élites s'enthousiasmaient pour la philosophie après guerre, et pour les modèles d'économie mathématiques aujourd'hui.

Mais je suis ouvert à d'autres explications !

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