Emmanuel Macron, Louis XVI des temps modernes ?

La haine contre Emmanuel Macron, exprimée parfois violemment ces dernières semaines, peut surprendre. Cet homme, jeune, avec son physique de premier de classe, ses manières policées, son ton posé, n'a pourtant rien pour inspirer spontanément de l'antipathie.

Certes, son calendrier de mesures a été un peu à contretemps. Il s'est empressé de supprimer l'ISF, alors que les mesures « sociales » comme la suppression de la taxe d'habitation vont s'étaler sur plusieurs années.
Certes, il s'est montré blessant lorsqu'il a parlé des « Gaulois réfractaires », de « ceux qui ne sont rien » et autres saillies tout aussi maladroites.

On ne hait pas pour ça.

Je crois qu'Emmanuel Macron, tel Louis XVI en son temps, paye surtout le désamour croissant des citoyens de ce pays pour leur système politique, et, peut-être même, pour leur démocratie. Et ce n'est pas nouveau. Cela fait des décennies que les taux d'abstention croissent régulièrement et que les observateurs (politologues, philosophes) tirent la sonnette d'alarme.

Il arrive que ce désamour tourne à la haine.

Le président l'a bien compris qui a parlé, à la fin de son discours de renouer avec « notre projet collectif », mêlant dans ces termes « les questions qui touchent à la représentation », « l'équilibre de notre fiscalité », « l'organisation de l'Etat et la manière dont il est gouverné et administré », sans oublier la sulfureuse « identité profonde » (nationale?).
Serait-ce l'amorce d'un bienvenu changement de logiciel ? Voire celle du « nouveau monde » qu'il nous avait promis et qui tarde à venir ?

Il serait temps d'y réfléchir et de s'y mettre tous ensemble. Les idées ne manquent pas et la civic tech bruisse déjà depuis longtemps de propositions à prendre en considération.

Faute de quoi, à sa question de savoir s'il s'agit d'une révolte, notre Louis XVI des temps modernes pourrait bien s'entendre répondre par un La Rochefoucauld de passage : « non sire, c'est une révolution ».

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Commentaires

Article pas inintéressant d'un Américain à Paris depuis peu :
ttps://l-express.ca/gilets-jaunes-une-culture-de-devalorisation-du-travail/

Plus spécialement en l'occurrence pour sa phrase "En observant, le soir du 10 décembre, le président Emmanuel Macron accéder aux demandes formulées jusque-là par les «gilets jaunes», et voir aussitôt le geste rejeté, il était difficile de ne pas évoquer Louis XVI lors du Serment du Jeu de paume"...

L'article que tu cites est plutôt méprisant à l'endroit de nos concitoyens qui ne seraient que des "enfants gâtés".

Certes, les nord-américains n'ont pas l'habitude de l'Etat providence que nous avons instauré en France (et dans d'autres pays du continent). L'auteur, canadien de l'Ontario, peut s'en moquer, c'est de bonne guerre. On peut presque y déceler de la jalousie. Il est vrai que l'indice GINI (qui mesure l'inégalité des revenus) du Canada est aux environs de 40, alors que celui de la France est plutôt aux alentours de 30 (plus l'indice est petit, moins grandes sont les inégalités). La France serait donc un pays moins inégalitaire que le Canada, même si, et c'est sans doute à la genèse du mouvement des GJ, la situation est en train d'évoluer dans le sens d'un accroissement des inégalités.

Mais son analyse frise la caricature. A tout le moins elle manque de profondeur.

Le seul point qui nous rapproche, c'est... Louis XVI

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