Solidarités à géométrie variable

Question : quel rapport y a-t-il entre la rage meurtrière d’Anders Behring Breivik en Norvège, la querelle budgétaire aux Etats-Unis et les débats identitaires dans la plupart des pays de l’Union Européenne ?

Réponse : la réticence à faire preuve de générosité autrement qu’« en famille ».

Démonstration :

1/ Le meurtrier en voulait à ses compatriotes de faire comme si les étrangers (naturalisés ou pas) « méritaient » d’être traités aussi humainement que les Norvégiens (de souche). Ce n’était pas, à proprement parler, du racisme. C’était du particularisme poussé à l’extrême névrose.

2/ Les adeptes du « tea party » bien que, pour la plupart, d’origine et de revenus modestes, ils militent pour une diminution des aides sociales. Les principes « jeffersoniens » de l’effort et de la responsabilité sont mis en avant mais les statistiques prouvent qu’en moyenne, les « Afro-américains » et les « Hispano-américains » ont été encore plus touchés par la crise que les Blancs, dénommés « Caucasiens » par le « Census Bureau ». Or, ceux-ci n’ont jamais adoré payer pour ceux-là.

3/ Le « welfare state » est né en Angleterre à une époque où le solde migratoire était encore négatif. Il s’est développé en Europe occidentale à mesure que les « Droits de l’Homme » sont devenus l’idéologie dominante. C’est ainsi qu’« en vertu des grands principes » (comme chantait Guy Béart), l’immigration a été déconnectée des besoins économiques des pays d’accueil. On assiste actuellement à un retour de bâton particulièrement accentué là où les systèmes de protection sociale sont les plus avancés.

Hypothèse : les pays européens qui, comme la Grande Bretagne, déchantent du communautarisme et ceux qui, comme la France, ont perdu foi en l’assimilation, vont se mettre en quête d’une nouvelle doctrine. Elle sera moins cruelle aux vaillants que la terreur et la misère poussent sur nos rivages mais plus conditionnelle en matière de Droits et plus restrictive en matière de regroupement familial. Les réussites seront vraisemblablement contrastées car les lois sont une chose et le savoir-faire en est une autre. Plus le tissu associatif sera dense et motivé, plus la mayonnaise de l’intégration (le mot reviendra à la mode) aura une chance de prendre.

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