Les dérives d'une société désormais menée par les ʺ réseaux sociaux ʺ

La tragédie de l'A320 de Germanwings est encore loin d'être expliquée et on ne peut que regretter toutes les déviances des media qui ne fonctionnent plus qu'avec voyeurisme et sensationnalisme. Ces tares font malheureusement école, même dans des domaines de l'activité humaine où prudence, calme et sérénité devraient dominer. La conférence de presse du procureur Robin le 26 mars en est une fâcheuse illustration. Parlant du copilote le procureur a mentionné expressément sa ʺ volonté de détruire l'avion ʺ. De nombreux spécialistes considèrent cette déclaration comme  quelque peu précipitée. Il est étonnant et regrettable que le procureur de Marseille, face à une tragédie difficilement compréhensible et où il n'y a pour l'instant quasiment pas d'éléments matériels de preuves, n'ait pas adopté une attitude de prudence en attendant les progrès de la commission d'enquête.

Une telle prudence est mise en exergue par le B.E.A. qui précise sur son site internet les règles d'une enquête de sécurité : ʺ L'enquête de sécurité sur un accident de transport public est un processus complexe, même lorsqu'on dispose des enregistreurs, car, en raison du haut niveau de sécurité atteint par le transport public dans les pays occidentaux, un accident résulte nécessairement d'un enchaînement de plusieurs causes toutes très peu probables. Tous les facteurs possibles doivent donc être passés en revue : la météo, la préparation du vol, le contrôle aérien, l'état de l'avion, la qualification des pilotes, l'organisation de la compagnie, etc., ce qui nécessite un travail considérable de recherche d'informations chez tous les acteurs concernés. Une grande enquête dure en moyenne deux ans, rarement moins, parfois beaucoup plus. Tant qu'elle n'est pas terminée, le BEA se refuse à spéculer sur des scénarios de l'accident qui n'apportent rien à la connaissance des causes et donc à la sécurité et ne peuvent qu'entretenir le désarroi des proches des victimes et de l'opinion publique. ʺ Cette prudence nécessaire, incompatible avec des déclarations intempestives qui nourrissent l'immédiateté des réseaux sociaux, est supportée par deux mises au point  récentes : Le 27 mars le journal La Libre Belgique (publication "de qualité" suivant Wikipedia)  a publié un article qui reprend des points soulevés par un ancien commandant de bord de Air France : ʺ Président du comité de veille de la sécurité aérienne et ancien commandant de bord, Gérard Arnoux s’est dit très étonné par les révélations faites par le procureur de Marseille, qui a peut-être été mal informé". Selon lui, plusieurs choses ne collent pas dans la version qu’il a donnée au cours de la conférence.

  1. La respiration du copilote. "Le procureur nous dit que, pendant toute la descente, on entend le souffle du copilote. Moi qui ai dix-huit ans d’expérience, je peux vous certifier qu’on ne peut pas entendre le souffle de qui que ce soit, à moins que ce ne soit un asthmatique. Et encore, je n’en suis pas sûr… Chez moi, on a par exemple demandé à la compagnie de nous donner des casques antibruit tellement on n’arrive pas à se parler…"
  2. Il actionne le système pour amorcer la descente. Le procureur de Marseille avait également signifié qu’on entendait, dans les enregistrements, le copilote actionner le système qui permet à l’avion d’entamer sa descente. "Cela ne fait strictement aucun bruit", indique Gérard Arnoux. "Il n’y a que l’enregistreur des paramètres de vol qui nous le dira (NdlR : soit la deuxième boîte noire). Par contre, la descente est cohérente avec une telle action."
  3. Où était le bruit strident de la porte ? "C’est peut-être une omission mais normalement, quand le commandant de bord réclame l’ouverture de la porte avec un code standard au début, et si ça ne répond pas, il le fait avec un code d’urgence qui est spécifique à cette machine. Et à ce moment-là, au bout de 30 secondes, la porte doit s’ouvrir. Sauf si effectivement le pilote empêche la porte de s’ouvrir. Mais on ne nous a jamais parlé du bruit strident que ça fait pendant trente secondes. C’est une alarme extrêmement forte."

Le 28 mars un membre éminent de la commission d’enquête, le général de gendarmerie Jean-Pierre Michel, a déclaré que la "personnalité" du copilote est une "piste sérieuse" mais ne compose pas la seule hypothèse. Il a précisé exactement : "On a un certain nombre d'éléments qui nous permettent d'avancer dans cette piste, qui est présentée comme une piste sérieuse, mais qui ne peut pas être uniquement la seule". Les dérives de notre société, avide de sensationnel, deviennent de plus en plus inquiétantes.

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Commentaires

ancien CDB AF 22000 h de vol
question: le copilote pendant ses arrêts de travail a-t-il oui ou non eu des contacts pour se convertir à l'Islam, et se radicaliser ?
Un message que j'ai reçu le laisse supposer et m'inquiète.

ancien CDB AF 22000 h de vol
question: le copilote pendant ses arrêts de travail a-t-il oui ou non eu des contacts pour se convertir à l'Islam. Un message que j'ai reçu le laisse supposer et m'inquiète.

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