La Voiture du peuple, nouvelle version

090903-C6.jpgDans une indifférence quasi-générale (mettons-la, par charité, sur le dos d'un mois d'août finissant) PSA a annoncé que ses modèles « haut de gamme », C6 pour Citroën, 607 pour Peugeot, ne seront pas remplacés. Quant à Renault, le successeur de la Vel Satis sera un modèle Samsung (filiale de l'ex- Régie) importé de Corée.

Si on pouvait au moins se réconforter en se glorifiant d'innovations technologiques majeures, ce serait une consolation mais il n'en est rien. Le progrès automobile se fait en Allemagne, au Japon, en Corée. 

Grandeur et décadence de l'industrie automobile française... 

Il fut un temps (au début du 20éme siècle) où la France, berceau de l'automobile, innovait et savait construire des voitures. Comment et pourquoi en est-on arrivé à la situation actuelle ? Le manque d'ambition de dirigeants paralysés depuis la Libération par d'incessantes interventions étatiques (c’est à dire politiques) est une cause primordiale. La récente « financiarisation » de l'économie y est également pour beaucoup. A partir du moment où une industrie est dirigée par des financiers qui n'ont d'yeux que pour le cours de bourse, les produits dérivés et le marketing débridé, on peut craindre le pire et il est arrivé...  

Pendant la descente aux enfers de nos champions nationaux, Volkswagen (littéralement : Voiture du peuple) rachète Porsche et dispose maintenant d'une gamme fabuleuse, de la Polo à Bentley et Bugatti. Pourtant au début des années 70 Volkswagen ne produisait qu'un seul modèle, la Coccinelle, et personne ne donnait cher de sa peau. Renault (ou Peugeot) aurait parfaitement pu avoir un parcours similaire, encore fallait-il le souhaiter et le vouloir. Nos constructeurs vont désormais se recentrer sur des voitures « économes »: les nouvelles voitures du peuple. 

Abandonner le haut de gamme est un aveu d'échec (technique, au sens large) et une erreur stratégique. Le haut de gamme, que ce soit dans l'automobile, l'informatique, les loisirs etc. est une vitrine irremplaçable et a un effet d'entraînement pour l'économie. Les Chinois, qui ont bien suivi les leçons « d'économie socialiste de marché à caractéristiques chinoises » de Deng Xiaoping, l'ont parfaitement compris. 

Le nivellement par le bas ressemble de plus en plus à une auto flagellation. Le rêve est un moteur puissant mais il n'aura bientôt qu'un accent allemand ou japonais.

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Commentaires

Hormis Citroën, aucun constructeur français n'a jamais eu de réelle légitimité dans le haut de gamme.

Cela dit, Volkswagen avec la Phaeton s'y est aussi cassé les dents mais comme ils ont par ailleurs d'innombrables marques haut de gamme, cet échec est passé aussi inaperçu que cette voiture.

Nos constructeurs nationaux ne pouvaient plus continuer à faire semblant de produire des véhicules que personne n'achetait.

Pour rester optimiste, espérons que cela leur permettra d'être innovants dans les segments moins haut de gamme. Après tout, Fiat que l'on disait aux abois il y a quelques années, sait faire rêver - et gagne bien sa vie - avec une petite Fiat 500.

La vraie innovation dans l'automobile ne se mesure t-elle pas dans la capacité à créer des voitures économes en consommation, non polluantes, toujours plus sûres et les moins chères possibles ? Le marché le plus important est sans doute là de toutes façons.

Toyota n'est-il pas plus reconnu chez nous pour avoir créé la Prius que pour sa marque Lexus de voitures de luxe ?

Bien sûr le haut de gamme fera toujours rêver, avec des carrosseries magnifiques, des motorisations fantastiques. Mais qui de nos jours peut encore prétendre que l'automobile chère et polluante, que de construire des voitures qui roulent à 300 km/h a encore un sens, un futur ? C'est peut-être très intéressant pour des petites marques comme Aston Martin à la production confidentielle, mais cela représente un marché de niche. Cas bien différent de nos constructeurs français.

Renault et PSA semblent l'avoir compris. Il n'est pas insensé - surtout dans cette période de crise où les ressources financières sont rares - d'investir sur l'avenir de l'automobile (électrique, hybride ou autre) plutôt que sur le passé.

D'ailleurs le fait que l'industrie automobile anglaise ait disparue et qu'il ne reste plus que quelques marques de luxe plus ou moins moribondes dirigées par des groupes étrangers, que l'industrie américaine soit en faillite totalement inadaptée avec ses modèles toujours plus gros et énergivores montre que les constructeurs français ne se débrouillent pas si mal et qu'en pariant sur des petits modèles sympathiques ils n'ont pas fait un mauvais choix.

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