Emotions

fraternite.jpgDans la Cordillère de Vilcabamba, au coeur de l’Amazonie péruvienne, vit encore une peuplade éloignée de toute civilisation. Ce sont de « bons sauvages » comme aurait dit Rousseau. Une Française, depuis vingt ans, est parmi eux. Au départ, quand elle a été acceptée par le groupe, des femmes lui ont offert … quelques poux. Elle les a mis sur sa tête afin que les autres puissent l’épouiller. Symbole de fraternité. Signe de lien social.

Questions : Pour se montrer fraternels, est-il indispensable d’avoir des malheurs en partage ? Doit-on absolument renoncer à tout confort ? Est-on obligé de se fondre dans un groupe et d’abandonner son quant à soi ? Ne peut-on concilier autonomie et lien social ?

Sur un parking au bord d’une route de montagne dans le nord du Japon, sept adolescents ont été retrouvés morts. Ils avaient cherché, via Internet, des compagnons d’infortune et avaient décidé de se suicider ensemble. Tragique moyen d’échapper à la solitude.

Questions : Où trouver de la chaleur humaine ? Comment adhérer à une société privée d’idéal ? Comment aider les autres tout en se faisant plaisir ? Par quel bout commencer ?

Dans une banlieue triste d’Alger, Khaled, un garçon de seize ans, regarde par la fenêtre. Ce n’est pas pour se distraire, c’est pour une rédaction : « Je vois, écrit-il, des ordures partout sur le sol jusqu’au parc public situé près de la place ». Lui et ses condisciples (une quinzaine) laissent, sous de multiples formes, percer leur amertume. Ils rêvent d’un ailleurs en France, en Espagne, en Europe. Ils regrettent de ne pas être nés loin de chez eux.

Questions : Ces jeunes musulmans ont-ils tort de ne pas être « islamistes » ? Ont-ils tort de croire qu’en Europe le futur a encore de l’avenir ? Avons-nous raison de craindre au lieu d’espérer ? Sommes-nous incapables de tirer parti de nos points forts pour corriger nos manques ? Ne peut-on essayer de construire une société harmonieuse ? Devons-nous renoncer à l’ambition de donner consistance à nos rêves ?

Post Scriptum :


Comment sauter une case au jeu de l’oie de la modernité ? Voilà une question que les Vigilants pourraient se poser à propos de la révolte anti-CPE. Vue à l’aulne d’une certaine modernité, cette révolte apparaît rétrograde : ses portes parole appellent précarité ce que la plupart des théoriciens de l’économie de marché nomment flexibilité. Les protestataires véhiculent, cependant, un message novateur : ils aspirent à une société plus humaine où les salariés ne soient pas de simples variables d’ajustement. Tout le problème consiste à savoir si la France, endettée et économiquement en retard par rapport à ses voisins, peut faire l’économie d’un rattrapage. Sans doute faut-il chercher la réponse dans le contenu souhaitable d’une croissance retrouvée. L’assainissement des finances publiques et des comptes sociaux est un passage obligé mais pas un but. Un « Comment » n’a de sens que s’il est mis au service d’un « pourquoi ». Ce « pourquoi » doit servir de boussole. La croissance nécessaire doit donc avoir un contenu innovant.

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