Déni de jeunesse

070514-Ballet.jpgIl était une fois un maître de ballet qui, à 70 ans, s’obstinait à interpréter Roméo. Un impudent ose le lui reprocher. Il rétorque : « Cela fait cinquante ans, Monsieur, que je perfectionne ma jeunesse ! ».

Pierre Bellanger, fondateur et PDG de Skyrock, pense que les bobos d’aujourd’hui, souvent ex soixante-huitards, ressemblent à ce maître de ballet. Ils s’arrogent le monopole de la jeunesse. A leurs oreilles, le rock est « la musique de la jeunesse éternelle ». Ils ne se rendent pas compte qu’une nouvelle jeunesse est en train d’éclore et que le rock peut devenir « la musique des rhumatismes ».

Pierre Bellanger s’exprimait ainsi dans le cadre d’un colloque organisé par Laser au théâtre du Rond Point à Paris. De toute évidence, il sait de quoi il parle. Avec 4 millions d’auditeurs par jour, sa radio est la première radio de France pour les 13-14 ans. Sur Internet, elle pèse trois milliards de pages vues par mois, elle est la première plateforme de blogs et la première plateforme de conversation en Europe. Le fossé entre génération y est chaque jour mis en lumière. Aussi bien sous l’angle du sexe que sur ceux de la politique et du travail.

Rappelons qu’un enfant qui avait 10 ans en 1995 en a aujourd’hui 22. Il a grandi avec Internet, s’est émancipé grâce au téléphone mobile. Comme le dit M. Bellanger : « Nous sommes les émigrés de l’analogique, ils sont des natifs du numérique». Mieux vaut donc comprendre leurs préoccupations et leur musique que s’enfermer dans nos certitudes et dans nos rythmes. L’écoute est d’autant plus essentielle que nous vivons « à une époque où la planète se met en réseau et où les premiers acteurs de cette mise en réseau sont les jeunes de la génération numérique ».

Share

Commentaires

Il me semble illusoire de chercher à comprendre leurs préoccupations. Depuis des décennies, chaque nouvelle génération se sent incomprise des précédentes. C'est peut-être même ce qui est structurant pour les jeunes.
En revanche, ce qui est nouveau, c'est moins le déni de jeunesse que le déni de vieillesse: même à 60 ans on se croit jeune. Mais on ne l'est plus.

Ajouter un commentaire