Allemagne/Chine : de la compréhension à l’alliance

L’Allemagne est à l’Europe ce que la Chine est à l’Asie : « l’Empire du Milieu ». Des stratégies comparables découlent de cet état de fait. Il s’agit d’abord, pour l’une comme pour l’autre, de maintenir et de conforter la prépondérance sur les pays les plus proches. De même que la Chine veille jalousement sur le Sud Est asiatique, l’Allemagne entend rester le pivot de l’Union Européenne.

Cela lui est d’autant plus indispensable que, depuis la chute de l’Union Soviétique, L’U.E regroupe la quasi-totalité de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe Centrale et de l’Europe Orientale.

Il s’agit ensuite de renforcer les liens avec la Russie. Pour l’Allemagne comme pour la Chine, la Russie est le « grand voisin ». Un voisin assez grand pour que les entreprises chinoises et allemandes ne s’y marchent pas sur les pieds. D’un côté comme de l’autre, les matières premières russes sont convoitées et les accords sur leur production et leur transport se multiplient. Les conflits d’antan sont passés sous silence. On préfère évoquer les épisodes heureux d’une Histoire tourmentée.

Il s’agit enfin, pour les deux plus grands exportateurs mondiaux, d’amorcer une coopération d’envergure. Chacun joue son jeu aux quatre coins de la planète mais pense utile de mener des efforts en commun dans plusieurs secteurs industriels notamment pour la Recherche et le Développement en matière de croissance verte. En juin, pas moins de 16 ministres chinois (ou Vice-ministres en charge de secteurs industriels) ont accompagné à Berlin Wen Jiabao, leur chef de gouvernement. En août, Mme Merkel lui a rendu sa visite et plusieurs nouveaux contrats ont été signés.

Le plus étrange est que, par delà les intérêts matériels, une certaine convergence semble se dessiner au niveau des idées. Les dirigeants chinois parlent d’harmonie et aimeraient renforcer la cohésion sociale sans avoir trop recours à la coercition. Les Allemands, adeptes du « alle zusammen », sont parvenus, après l’effroyable expérience du nazisme, à atteindre l’harmonie sans la coercition. Wen Jiabao, le Premier ministre qui va bientôt prendre sa retraite, laisse dire qu’il aurait l’ambition de devenir le théoricien d’une voie chinoise de transition. Il faudrait, paraît-il, deux générations pour que le communisme, après avoir absorbé le capitalisme, se mue en nouveau socialisme.

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