Aidons-nous les uns les autres*

090508-Fraternite.jpgDe tous temps, en tous lieux, des êtres humains, pour survivre, se sont entre aidés. Regroupés autour d’un totem ou d’une divinité, cela ne les empêchait pas de combattre d’autres groupes se réclamant d’autres totems ou d’autres divinités. La bombe atomique a changé la donne. La mondialisation économique et l’ubiquité des menaces écologiques ont fait le reste.

L’humanité est devenue une seule et unique tribu. Le drame est que les hommes ne s’en rendent pas tous compte. Nombreux sont ceux qui se plaisent à piétiner le pied de leurs voisins. Trop rares sont ceux qui pensent « nous » plutôt que « je ». 

Grâce – si l’on peut dire ! – à la crise financière, des signes annonciateurs d’un changement se profilent. La frugalité est « in ». La cupidité est « out ». Les associations bénéficient du soutien d’un public élargi. Des entreprises, échaudées par le court termisme, cherchent à présent le moyen de s’en écarter.  Autour du Web, des affinités électives se nouent ou s’élargissent. 

Les responsables politiques devraient être à l’avant-garde de ce mouvement salutaire. Hélas, Obama mis à part (« Baby Face » fut animateur social dans les bas quartiers de Chicago de 1984 à 1987), la plupart de nos présidents et ministres ont été nourris au lait de l’efficacité immédiate. Ils sont intelligents, capables et soucieux du bien public, mais les réformes qu’ils entreprennent – souvent utiles – répondent à des nécessités particulières. Elles restent au niveau du « comment ». Le ciment d’un « pourquoi », générateur d’espoir et d’enthousiasme, est absent. 

Observons nos Excellences. Elles sont en quête d’un « plus » qui ferait d’elles les vecteurs d’un authentique changement. D’un changement qui aiderait la société à accoucher de ses aspirations, qui mettrait le développement économique au service d’un avenir plus humain, plus amical, plus affectif. Il ne peut s’agir de jouer la comédie. La nature des leaders compte plus que leur discours. S’ils incarnent vraiment les rêves de leurs concitoyens, ils déclencheront des processus d’identification, deviendront des symboles et serviront d’exemples. 

Comme ce fut le cas jadis en Pologne avec  « Solidarnosc », un mot, un seul peut résumer une ambition, une politique, une stratégie, un « Pourquoi nous combattons ». Quel mot ici ? Quel mot maintenant ? Voilà une question à laquelle tout homme de Pouvoir doit s’efforcer de répondre. 

Régis Debray propose, dans son dernier livre, « Fraternité ». Le terme nous convient car, depuis que Vigilances, la lettre mensuelle du Club, existe, nous nous efforçons de le décliner. Du local au mondial. De la participation citoyenne à la coopération internationale. A nos yeux, la fraternité implique que des hommes, aussi différents puissent-ils être, mènent un combat commun.

Contrairement à d’autres bons sentiments, la fraternité respecte l’altérité des conditions et des cultures. Nul besoin d’être identiques pour s’aider les uns les autres.


* Avec Déborah Secrétin 

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