Que reste-t-il de l’industrie française ? Le cas de la chimie

Quand on regarde le numéro spécial annuel du magazine Info Chimie consacré à l’industrie chimique, on ne peut être que surpris du poids encore et toujours important de cette industrie dans notre pays. Les usines, réparties sur la France entière, sont toujours là, même si amoindries par plus de 25 ans de déclin.

Des groupes de renom, comme RHONE POULENC ont disparu. Découpés, dépecés et vendus par morceau, ce qui était le fleuron de notre industrie, de notre savoir-faire scientifique et technique, a été réduit peu à peu à néant comme peau de chagrin, pris dans la tenaille des intérêts des opérateurs financiers et des contraintes administratives françaises et européennes, honnis par les médias et abandonné par le politique.

Dans les années 90, l’exemple à suivre était anglais (démantèlement d’ICI). Le politiquement correct voulait que la Chimie, soit sale et polluante, dangereuse même (Seveso, Toulouse).  Le public sous le battage médiatique s’offusquait même de sa présence (combien de fois n’ai-je entendu critiquer la sortie sud de Lyon et ses usines). Tous les efforts réalisés, au niveau Qualité (avec des certifications au contenu tout étranger à nos pratiques), au niveau Sécurité (à présent une des industries les plus sures avec des avancées plus que spectaculaires pour qui l’a vécu de l’intérieur) et au niveau productivité (division par trois des effectifs pour des capacités souvent plus importantes) n’ont servi à rien. Le pire, une bonne partie de Centres de Recherches a été soit fermée, soit transférée à l’étranger.

On se gardait bien à l’époque de prendre en exemple les grands groupes allemands passionnés de sciences, structurés par l’intégration industrielle amont et aval et qui ont su démontrer jusqu’à présent un certain niveau de résilience.

Et pourtant, la Chimie c’est la vie. Comme je l’expliquais à des élèves de secondes lors de conférences SFC/SCI* sur le Monde de la Chimie, La Chimie est partout. Tous est chimique y compris et surtout ce qui est naturel et le danger, si danger il y a, n’est pas uniquement le synthétique. De plus la Chimie se conjugue à toutes les autres disciplines dites nobles, la Physique, le Biologique et même les Mathématiques. Ce qui m’a le plus étonné lors des conférences, c’est l’intérêt fort des élèves pour la partie concernant l’Histoire de la Chimie.

Alors ?

Le potentiel est toujours là avec cette envie des jeunes pour cette discipline et des écoles de chimie pour l’instant performantes. Par ailleurs, des initiatives sont lancées çà et là pour développer la Chimie Verte. On parle aussi beaucoup de ré industrialisation du pays. Reste donc (ce qui n’est pas une mince affaire) à redorer le blason de la Chimie auprès du public et en parallèle à doter le pays d’une Vision stratégique visant à développer une nouvelle Chimie, la Chimie de demain et ses emplois.

* Société Française de Chimie/Société de Chimie Industrielle

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Commentaires

Très juste. Et il y a sûrement des exemples à prendre en Allemagne, où le sentiment écologique est aussi ou plus fort qu'en France.

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