L’Evangile selon Chavez

Ne nous moquons pas trop vite d’Hugo Chavez. C’est un incorrigible bavard capable de parler pendant des heures sans interruption et d’accumuler les gaffes. Mais il est sincère, adoré par tous les pauvres du Venezuela et persuadé que l’argent du pétrole peut lui permettre d’instaurer un socialisme d’inspiration chrétienne. Selon ce catholique convaincu, Jésus Christ a été le premier socialiste et son enseignement tient beaucoup mieux la route que celui de Karl Marx. Chavez est l’ami de Castro, pas son disciple.

Son expérience est sans précédent. Elle n’a rien de comparable, par exemple, avec celle de Tito qui, dans les années 50, essaya sans succès de fonder l’économie yougoslave sur la cogestion. Rien de comparable non plus avec la malheureuse tentative d’Allende qui voulait introduire de la justice sociale dans le capitalisme chilien. A l’époque d’Allende, au début des années 70, le cours du cuivre était au plus bas et les Etats-Unis n’ont eu aucun mal ? armer le bras de Pinochet pour donner le coup de grâce ? une économie exsangue. Par contraste, le Venezuela d’aujourd’hui regorge de dollars car son pétrole vaut cher. Chavez peut donc se payer le luxe de recycler les bénéfices pour promouvoir l’économie de ses rêves. Le gouvernement américain le considère comme un ennemi dangereux mais les compagnies pétrolières installées au Venezuela (Chevron, Exxon Mobil, Conoco Phillips, etc.) incitent ? le ménager pour préserver leurs contrats. Du coup, les subventions pleuvent sur les coopératives et les banques (qui font l’essentiel de leurs profits en marge du commerce pétrolier) peuvent se permettre de consacrer un tiers de leurs prêts ? des projets dans l’agriculture, la construction, le tourisme, le micro crédit et les petites start-up.

Il n’est pas du tout évident que ces jeunes pousses se révèleront rentables et tiendront le coup dans une économie concurrentielle. Si Chavez est obligé de se réfugier dans le protectionnisme, son expérience ne pourra être un modèle pour l’Amérique latine. Si, au contraire, le « social christianique » débouche sur un vrai développement, le retentissement sera énorme. Il serait bon que des Vigilants aillent voir sur place.

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Commentaires

Chronique de Caracas, Capital bolivarienne
Chávez, un miroir dont il faut craindre les reflets
Venezuela est devenu la Mère patrie de l’Argentine. Son importance est comparable ? celle de l’Espagne et de l’Italie des années 70’ ou bien ? celle des Etats-Unis des années 90’. Les relations entre Nestor Kirchner et Hugo Chavez font couler beaucoup d’encre. Nous avons interrogé des sources plus rationnelles de Caracas, éloignées du « chavisme » bouillonnant pour nous expliquer la teneur réelle de ces relations.
Au milieu des années 2002, le syndicaliste français , co-fondateur de la Confédération Paysanne, José Bové, s’est rendu au Vénézuéla, sur invitation du gouvernement de Monsieur Hugo Chavez Frias. A cette époque José Bové était le chantre médiatique le plus célèbre de l’Anti-mondialisation et considéré ? l’échelle mondiale comme un violent défenseur du protectionnisme agricole.
A l’occasion de son déplacement au Vénézuéla, Bové participa de toutes les campagnes publicitaires de la république bolivarienne et devint rapidement le gourou d’une loi approuvée par le gouvernement vénézuélien sur l’appropriation des terres par l’état.
Deux ans plus tard, Chávez et le leader “cocalier” Evo Morales, annonçaient au cours d’un programme télévisé, la venue du “frère” Bové ? l’occasion de la célébration des journées révolutionnaires de Caracas.
Aujourd’hui, il semblerait que le discours protectionniste de José Bové ne cadre plus avec les objectifs tout ? coup anti protectionniste du leader vénézuélien.
Dr. J. Ysquierdo Hombrecher
VEILLESUD DEEPSIGHT CTT
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