Inde : effets pervers de la révolution verte

070126-Inde.jpgLa « révolution verte » mise en œuvre en Inde à partir des années 1960 a permis, grâce à l’introduction de pratiques culturales modernes, incluant entre autres un puissant développement de l’irrigation, parallèle à l’emploi généralisé d’engrais chimiques et de pesticides, une croissance de la production agricole comblant les besoins d’une population doublée en quarante ans.

Cette politique a augmenté les rendements mais généré – hélas ! – des effets pervers dont on commence à percevoir l’ampleur. Lors d’une récente mission à Bangalore, mes amis, responsables de l’Agence Indienne de l’Espace (ISRO), m’ont fait part de leurs inquiétudes nourries par les excellentes mesures de leurs satellites de télédétection, analysées à leur puissant Centre spécialisé à Hyderabad et que je résume.

La surface des terrains irrigués avant la révolution verte ne dépassait pas 5 millions d’hectares et le taux de salinité y était partout négligeable. La surface irriguée aujourd’hui est de 55 millions d’hectares sur un total de terres cultivées de 140 millions, 85 se contentant d’eau de pluie et ne produisant alors qu’une seule récolte. La productivité dans les zones irriguées atteint 2,7 tonnes de riz à l’hectare, à comparer avec la productivité moyenne sur tout l’ensemble de 1,7 tonnes à l’hectare.

Un phénomène est apparu récemment et progresse rapidement, la salinification des terres irriguées due au lessivage des surfaces. Il frappe déjà 20 millions d’hectares sur 55, d’après les mesures spatiales. La détérioration irréversible des sols fait baisser le rendement. Pour la première fois depuis le début de la révolution verte, l’Inde a du importer du riz l’année dernière.

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