In and Out

Le mot favori Il y a des mots forts qui ont gardé toute leur force et d’autres qui l’ont perdu. Des mots empreints d’une grande douceur qui retrouvent une puissance particulière et redeviennent moteurs. Des mots qui auraient paru incongrus quelques années auparavant font leur apparition. Et des mots qui semblent avoir définitivement perdu leur effet mobilisateur, si ce n’est leur pouvoir d’attraction.

Bien entendu, les résultats du test proposé aux membres du Club ne sont nullement le produit d’un sondage scientifiquement mené. Notre panel n’est certainement pas représentatif de la société française ni par le genre, ni par l’âge, ni par les catégories socio-professionnelles : trop peu de femmes même si leur pourcentage, 24 %, est nettement plus élevé que celui de l’Assemblée Nationale, encore moins de très jeunes ou de catégories non intellectuelles. Pourtant l’analyse des réponses au jeu est intéressante ? plus d’un titre. Parmi les mots que l’on n’aurait jamais considéré comme mobilisateurs vingt ans auparavant et qui ont le vent en poupe : bonheur, amour, tendresse. « Un besoin urgent de souffle, d'élégance, de civilisation. Et pourquoi pas de tendresse, bordel ! », proclame avec véhémence Tristan Benhaim. D’autres, plus modestement, font l’éloge du " tâtonnement " ou du " bricolage ". « D’abord, si vous cherchez bien, le seul mot qui s’allie spontanément avec "? tâtons", c’est le verbe " avancer " », assure ainsi Béatrice Quasnik. Il y a également les mots que l’on aurait pensé "dépassés", "ringardisés" et qui font une résistance remarquable. Créer, responsabilité, audace, agir, liberté et courage sont largement cités : ils paraissent porteurs, motivants, susceptibles de valoriser les individus pour le plus grand bien de la collectivité. D’ailleurs créer est plébiscité alors que construire qui apparaît comme une œuvre plus "laborieuse", plus collective est négligé. Si l’on ajoute ? ce tableau Oser et Réussir, c’est une véritable saga chevaleresque que l’on écrirait. A l’inverse rupture, renaissance et utopie sont considérés par une large majorité comme démotivants ou au mieux hors sujet. A croire que l’on est nombreux ? confondre utopie et idéologie. Prenons encore ? titre d’exemple notre devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Seul le premier terme est plébiscité et se place résolument au–dessus de la moyenne. Et si la fraternité sauve les meubles et ne démotive qu’un tiers des « sondés », l’égalité est, quant ? elle, complètement dépassée pour les deux tiers. Air du temps ou déclassement durable ? On peut se le demander puisque équité, solidarité et justice font un bon score. Ce qui nous incite ? n’y voir qu’un mouvement d’humeur contre l’égalité formelle. Mais s’il y a des mots qui ont soufferts de l’usage, peut-être abusif, qu’on en a fait, c’est bien moderniser et réforme. Partant du principe que ne s’use que ce dont on abuse, nous sommes une large majorité ? les considérer comme démotivants et dépassés ou au mieux hors sujet. Il semble que le cocktail individuel et social gagnant aujourd’hui est celui qui, combinant action et affectif, "débridera" le mieux notre vitalité. Il se composera d’une bonne dose de responsabilité, courage, audace..., pour lui donner du corps, d’une grande rasade d’amour et de tendresse, pour en arrondir le goût et, pour l’arôme, un zeste de "bricolage". Demain, l’urgence sera peut-être dans Vivre, « Vivre sans lequel tous les autres n’existeraient plus !!! », affirme ainsi Serge Fradkoff, et dans Terre, cette irremplaçable Gaia qui conditionne la vie.

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Commentaires

Certes, Vivre pour certains, Survivre pour d'autres ! Mais, ce qui me paraît étonnant dans le sondage dont vous faites état est que les mots porteurs de futur et d'espérance tels " renaissance, utopie, rupture " soient considérés majoritairement comme démotivants ou hors sujet. Certes il règne une affligeante confusion, entretenue par ceux ? qui elle profite, entre Utopie et Idéologie. Pourtant notre vieux dictionnaire nous précise que l'Utopie n'est autre qu'un Idéal, une vue prospective souhaitée, un " projet commun " qui ne tient pas compte, seulement, de la réalité "actuelle". La langue populaire utilise ce mot pour désigner une chimère, une illusion, un mirage, une rêverie... Ce que je crains, c'est que ce comportement traduise d'une manière cachée le fait que le Futur et le Progrès des choses et des gens vers un Mieux perçu comme un Objectif ? long terme, une sorte d'étoile de Sirius, ne soit plus dans la tête de nos contemporains. Le Passé n'existe plus, le futur n'existe pas, le Présent est incertain et risqué. Le Monde serait-il devenu désespérément sérieux et infiniment triste, déprimé ?

@Henri-Paul Soulodre
De nombreuses études le montrent : ce n'est pas tant la dureté de ce qui est vécu au présent que la perspective d'un lendemain meilleur qui sert de moteur ? la plupart des gens. C'était le cas dans l'immédiat après-guerre, par exemple, et "l'utopie" était forte. Aujourd'hui, ce mot est presque considéré comme un gros mot. Se réclamer d'une forme d'utopie pour changer les choses apparaît au mieux comme une faute de goût et au pire comme une "folie" dangereuse.Or sans "rêves", le dynamisme, la volonté d'aller de l'avant, l'optimisme, en un mot le bonheur, ne sont pas au rendez-vous. Et l'histoire nous a appris le potentiel de violence que peuvent libérer les sociétés malades...

Je vous rejoins, H-P et Meriem sur ce terrain même si …
« Je bats la campagne, tu bats la campagne, il bat ... »

*(Extrait)

Et, comme dirait Balavoine :

Et pourtant je veux vivre
Ou survivre
Sans poème
Sans blesser tous ceux que j'aime
Être heureux
Malheureux
Vivre seul ou même ? deux

* (tiré de l'oeuvre suivante)

L'enfant qui battait la campagne

Vous me copierez deux cents fois le verbe :
Je n'écoute pas. Je bats la campagne.

Je bats la campagne, tu bats la campagne,
Il bat la campagne ? coups de bâton.

La campagne ? Pourquoi la battre ?
Elle ne m'a jamais rien fait.

C'est ma seule amie, la campagne.
Je baye aux corneilles, je cours la campagne.

Il ne faut jamais battre la campagne :
On pourrait casser un nid et ses œufs.

On pourrait briser un iris, une herbe,
On pourrait fêler le cristal de l'eau.

Je n'écouterai pas la leçon.
Je ne battrai pas la campagne.

Claude Roy, Enfantasques (1974).
Ed Gallimard, " Folio Junior "

Pour ceux qui ont su ne pas écouter les autres et tracer leur chemins et qui n'ont pas de problèmes d'argent ou autre, la vie est facile et on peut jeter en l'air de belles paroles même si seulement les écrits restent et encore ! Les mots même n'ont plus de sens...Ne parlons pas des nouvelles technologies où l'on tchat et conditionnent l'esprit en écrivant n'importe comment à longeur de journée ou même au travail...Pour aller plus vite, certains n'ont plus de rêves, ne savent même plus qui ils sont et n'ont plus la force de rêver !!! Ouvrez les yeux non de Dieu, n'avez jamais vous vu ceux qu'on appelle un "clochard" à même le sol, à l'article de la mort sans la moindre volonté ?? Et bien certains sont comme çà mais survivent tous les jours sans espoir ni force de pouvoir combattre et pourtant ont un job ..puisque sur terre les hommes sont des loups et se critiquent tout le temps comme pour écraser l'autre et prendre ainsi un peu d'énergie se sentir plus fort... Leur seul recour peut être est de croire en Dieu mais il n'existe pas un dieu c'est uniquement le rapport que l'on se fait au monde...n'oublions pas une chose,nous ne sommes rien de plus qu'un animal et tout dépend du milieu dans lequel vous évoluez en éspérant pour vous que vous n'en sortirez pas pour vous rendre compte réellement de l'autre versant du monde.

A Olivier GIBERT
Votre article respire l'humanité et en même temps le désespoir.
Mais je n'ai jamais vu -et ne verrai jamais- un animal écrire ainsi. Les sentiments, la réflexion, le sens de la justice, l'amour sont propres à l'Homme, et aucune théorie "scientifique" ne peut en expliquer l'origine.
Ne nous laissons jamais ôter notre qualité d'Homme, clairement supérieur aux animaux, mais d'autant plus responsables de nos actes.
Les horreurs commises par les religions ne doivent pas nous faire accepter Darwin et sa supposition (c'est ainsi qu'il voyait lui-même sa théorie) de l'homme venant du singe sans réfléchir.
Le penseur Pascal a fait le pari de l'existence de Dieu : s'il existe, j'ai tout gagné ; sinon, je n'ai rien perdu.
Je fais ce pari, faites de même, vous verrez, la raison et la foi ne sont pas incompatibles.
Mais là ou la foi dépasse la raison, c'est dans l'espérance.
Si Dieu est, il y a de l'espoir ;
Si tout est hasard, rideau. Nous ne sommes qu'une étincelle de vie.
Prenez une Bible, lisez ces textes : Hébreux 11:1, Jean 3:16-21 Actes 17:22-31. Courage.

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