L’économie mondiale, nous dit-on, repart. L’or aussi, dont les cours volent de record en record : 1000, puis 1100, puis 1200 dollars l’once, tout cela en quelques semaines. Cherchez l’erreur !
D’ordinaire l’or sert de valeur refuge face à l’aversion au risque – or la confiance des agents devrait revenir avec la reprise économique… – ou encore face à l’inflation – qui, pour l’heure, reste nulle, faible ou modérée dans les principaux pays.
Dans le « boom » économique qui a précédé la crise jusqu’en 2007, l’or montait, de concert avec toutes les autres « commodities », pétrole en tête ; durant la crise 2007-2009, il a bien résisté, alors que les cours du pétrole s’effondraient ; et en cette fin 2009 ses cours repartent de plus belle, alors que ceux du pétrole restent très en deçà des sommets atteints l’été 2008 avant la chute de la maison Lehman Brothers.
Le paradoxe n’est qu’apparent et l’explication n’est pas tant à chercher du côté de l’or proprement dit que du côté du dollar, dont la faiblesse inquiète les détenteurs. Sinon, pourquoi l’Inde se porterait-elle acquéreur du tiers du stock d’or récemment vendu par le FMI, vente qui, fait notable, s’est effectuée hors marché et n’a pas eu le moindre effet dépressif attendu sur les cours de ce métal ? Sinon, pourquoi la Chine et le Brésil passeraient-ils des accords commerciaux bilatéraux qui prévoient des règlements dans leurs propres devises ? Sinon, pourquoi les pays de l’OPEP se poseraient-ils la question d’une facturation de leurs exportations de pétrole en une autre devise comme l’euro ? Sinon, pourquoi la Chine juste avant le G20 de Londres au printemps dernier aurait-elle posé crûment la question d’une nouvelle monnaie de réserve comme substitut au dollar ?
Mis bout à bout, tous ces faits disparates en disent long sur la défiance qui entoure désormais le dollar dont l’abondance a encore été démultipliée par les politiques monétaires et budgétaires ultra-accommodantes anti-dépression menées aux Etats-Unis, et sans doute long aussi sur les incertitudes structurelles d’un monde globalisé « en transition », dont le centre de gravité paraît basculer sous nos yeux de l’Occident vers l’Orient, mais dont le nouvel ordre monétaire international qu’il appelle tarde à se dessiner.
Reprise économique ou pas, la question n’est pas de savoir si l’or continuera à monter mais combien de temps encore et jusqu’où. « Quo non ascendet ? », comme la célèbre devise du Surintendant Fouquet qui, comme l’on sait, lui fut si funeste !
Commentaires
Permalien
Depuis de très nombreux mois, une lettre financière à laquelle je suis abonné, attirait notre attention sur le rôle de refuge, de "réserve" de l'OR.
Leur pronostic de valorisation cible possible se situe à 3000 dollars l'once !
Hélas, comme tout objet matériel qui prend de la valeur, sa recherche et sa possession créent bien des convoitises et des brigandages ...
Il n'est que de regarder les effets collatéraux sur la nature et la population des pays d'Amérique du Sud en particulier qui sont réputés pour en disposer dans leur sous-sol !
HPS
Ajouter un commentaire