Tchad et Centrafrique dans l'oeil du Darfour

061207-Darfour.jpgCe qu’on redoutait a fini par arriver. Petit à petit, le conflit au Darfour est en train de prendre une dimension régionale. Aujourd’hui le chaudron soudanais est en train de déborder de ses limites originelles pour s’étendre à d’autres pays. Le premier à être éclaboussé, c’est le Tchad. Et Paris est, encore une fois, appelée à jouer les pompiers.

Depuis plus d’un an, une kyrielle de rébellions armées ont pris corps à la lisière du Darfour et donnent du fil à retordre à Idriss Deby Itno. N’Djamena a, dès le début, accusé Khartoum d’être derrière ces rebelles et des violations répétées de l’intégrité territoriale du Tchad. C’est dans ce contexte tendu que François Bozizé, l’homme fort de Bangui, est frappé à son tour par une rébellion, curieusement à la frontière avec le Darfour. Comme Deby, Bozizé aussi accuse Khartoum.

Les observateurs avisés, comme Alpha Omar Konaré, le président de la Commission de l’Union africaine, avancent carrément que « ce qui se passe aujourd’hui au Tchad et en République centrafricaine est la conséquence du Darfour ». Dans cette partie de l’Afrique, tout le monde s’accorde à dire que plus que jamais, les risques d’un conflit régional sont réels et que le problème du Darfour peut déstabiliser toute la région.

Les récents affrontements entre communautés arabes et non-arabes au Tchad, semblent lui donner raison. Idriss Deby Itno en est venu à décréter l’état d’urgence dans six régions ainsi que dans la capitale N'Djaména alors que, Bozizé, de son côté, lançait un appel à la France pour un soutien militaire.

Sur ce plan, Bangui vient d’obtenir, en partie, satisfaction puisque Paris s’est engagé, depuis le 13 novembre dernier, à lui fournir à la fois un appui logistique et un appui dans le domaine du renseignement aérien. Aujourd’hui, la France va plus loin avec le déploiement d'une centaine d’hommes supplémentaires pour renforcer le détachement Boali, installation militaire française permanente en RCA (soit 300 hommes en tout).

Paris insiste sur le fait que ses soldats viennent en renfort des forces locales et de celles de la FOMUC, la force multinationale en République centrafricaine sous mandat onusien, pour aider à la stabilisation du pays.

Mais la France, une fois de plus, se trouve, peut-être bien malgré elle, dans une situation délicate dans son pré carré africain : Côte d’Ivoire, Tchad, Centrafrique. Sa sollicitude provoque l'ire de certains qui l'accusent de visées néo-colonialistes. Pourtant, si elle ne fait rien et que la situation dégénère, d'autres, ils peuvent être les mêmes, l'accuseraient, en revanche de n’avoir rien entrepris pour arrêter, à temps, les dérives meurtières.

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Commentaires

Quelle analyse des causes de ce conflit faites vous ?

Certes, il faut sans doute arrêter l'incendie avant qu'il ne se propage...

Mais comment ? Agissons d'abord sur les causes s'il en est encore temps !

Le Darfour se trouve au sud-ouest du Soudan : 5 à 6 millions de personnes y vivent ; la région a un très faible niveau de développement : seulement un tiers des filles (pour 44,5 % des garçons) vont à l'école primaire. La découverte du pétrole dans cette région a aussi suscité les convoitises. Trois tribus principales sont installées au Darfour : les Four (qui a donné son nom au Darfour), les Masalit et les Zaghawa. Le Soudan sort à peine d'un conflit qui a duré une vingtaine d’années depuis 1983 entre les rebelles du sud et le gouvernement soudanais. Ce conflit a fait près de 2 millions de morts.

Pendant l'hiver 2003, l’opposition au président soudanais Omar el-Béchir fait entendre sa voix. En représailles, Khartoum laisse agir les milices arabes (les djandjaouids) dans tout le Darfour. Les armées soudanaises bombardent les villages du Darfour. Choukratalla, ancien officier de l'armée soudanaise, est le « chef des djandjaouids ». Les populations sont victimes de bandes armées que le gouvernement de Khartoum semble laisser faire. Plus grave, humanitaires et diplomates accusent le gouvernement d'avoir armé et payé les Djandjaouids... Les effets sont désastreux : destructions, les villages rasés, la politique de terre brûlée (attaque et vol du bétail, champs incendiés) forcent les populations à partir (200 000 réfugiés au Tchad et 1,4 millions de déplacés en septembre 2004 ; 300 000 morts et 2,4 millions de personnes déplacées au début 2006.

A mon sens, les causes de la crise sont complexes : la question religieuse, la question énergétique (les réserves de pétrole), la Chine, qui importe 10 % de son pétrole du Soudan, a maintes fois menacé d'utiliser son droit de veto contre des résolutions qui sanctionneraient effectivement le gouvernement soudanais, la Russie, dont les industries d'armement sont largement dépendantes des exportations, ne cherche pas à froisser le gouvernement client de Khartoum et les Américains qui ne veulent pas tarir leurs sources d'informations dans leur guerre contre Al-Qaeda, le régime soudanais s'avérant extrêmement coopératif avec les Etats-Unis.

Je l’avoue, il est difficile de proposer une solution à la crise du Darfour sans prendre en compte ces éléments. Les mêmes qui communiquent sur la crise du Darfour ont des intérêts contradictoires avec la paix.

Vaut mieux tard que jamais :-)
Si, si ! La soltuion existe.

Les Africains doivent cesser de jouer aux assistés et faire la courbette à toutes les sauces.

Quand on pense à certains petits Peuples, qui n'ont rien sous leurs pieds, se battre rien que pour leur honneur pour se libérer, on peut se demander pourquoi les Africains continuent à n'importe quel prix à tendre la main ?

Il faudrait aussi chercher les réponses du côté des missionaires qui ont toujours accompagnés les politiques coloniaslistes et néo-cons d'aujourd'hui...

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