Relance de la croissance, un défi prométhéen pour la France et l’Europe

La France, de 1960 ? 1973, était la meilleure élève de la classe en Europe avec une avance d’un point de croissance de PIB par an, avance qui la singularisait par rapport ? sa grande voisine, l’Allemagne. Entre les deux crises pétrolières, la croissance se ralentit partout mais la France garde encore ? cette époque une avance de ¼ de point. A partir de 1980 la situation s’inverse et la France commence ? accuser ¼ de point de retard par rapport ? la moyenne européenne. De 1980 ? 1997, son poids en Europe régresse de 8%. Une première dans l’histoire de la France contemporaine. Et après une petite embellie de courte durée (1998-2001), la France se trouve de nouveau reléguée en queue de peloton. Comment pourrait-elle entrer de plain-pied et sans complexe dans l’Europe avec un retard de croissance qui se traduit par des records en terme de chômage et par une insatisfaction générale des Français vis-? -vis d’une classe politique qui perpétue ce comportement économique médiocre ?

D’abord, en réhabilitant l’entreprise. Les richesses se créent pour une large part dans l’industrie ou en tout cas dans le monde des entreprises. Ensuite, en ajoutant de la croissance ? la croissance, c'est-? -dire en ajoutant une dynamique au « trend » moyen de sa zone économique. La France a su le faire par le passé. D’autres pays, tels que le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas et la Finlande, le font. Ce n’est donc pas une utopie. Nous disposons au sein de l’Europe d’un degré de liberté de l’ordre d’un point de croissance par an. Ce même point que nous avons su conquérir ? l’époque gaullo-pompidolienne. Ceci passe par la mobilisation de tous les acteurs. Sans aller jusqu’? faire un pari aussi prométhéen aujourd’hui, comment reconquérir ne serait-ce qu’une avance d’1/2 point ? ¾ de point par rapport ? la moyenne européenne, ce qui nous permettrait de basculer dans une zone ? création d’emploi et d’influence ? Un certain nombre d’études macro-économiques sont particulièrement éclairantes sur l’alchimie ? mettre en œuvre. Celle de l’économiste américain Robert Barro couvre plus d’une centaine de pays sur une période de trente ans. Selon lui, les écarts de revenus entre économies riches et économies pauvres s’expliquent partiellement par des variables extra-économiques : la croissance du revenu réel par habitant reposerait sur un faible niveau de dépenses publiques, un fort niveau d’enseignement secondaire, une amélioration des termes de l’échange, un fort taux d’investissement. D’autres travaux, Aschauer (1989) et Romer (1990), montrent que l’investissement public est également un des moteurs d’une croissance soutenue. Enfin de nombreuses études attribuent ? l’innovation un rôle essentiel. La créativité comme le développement scientifique sont des facteurs importants dans la guerre économique. L’innovation entraîne, au moins dans un premier temps, un gain sans commune mesure avec la dépense initiale. Comment créer un environnement qui favorise l’innovation, la réduction de la dépense publique non créatrice de richesses, un fort niveau d’enseignement jusqu’au niveau du baccalauréat, une meilleure compétitivité, de forts taux d’investissement ? C’est le rôle de la puissance publique. Cependant, pour que l’intervention publique soit efficace, l’analyse et l’évaluation des modes d’intervention étatiques et de leur pertinence sur la formation, l’innovation, les infrastructures, l’investissement, la fiscalité, les prélèvements obligatoires, les modes de redistribution, l’efficacité des services publics, s’avèrent indispensables. L’Etat est enfin dans son rôle quand il s’agit de mobiliser toutes les forces. En France, pour retrouver un supplément de croissance par rapport ? la moyenne de l’Union. En Europe, pour retrouver un supplément de croissance par rapport aux Etats-Unis.

Share

Commentaires

J'aurais aimé savoir ce que pense Monsieur Esambert des propositions énoncées dans l'ouvrage de Dominique Guellec " Nouvelles théories de la croissance " (Editions Decouverte )...

"Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste." ( Kenneth Boulding)

Quels arguments avancez-vous contre ceux de la décroissance?

Ajouter un commentaire