Russie : dangereuse chorégraphie

Samedi 24 septembre : les délégués du parti Russie-Unie sont réunis en congrès au stade Luzhniki à Moscou. Le Président, Dimitri Medvedev, annonce que le Premier ministre, Vladimir Vladimirovitch Poutine, sera candidat aux élections présidentielles de mars 2012 et demande qu’on le soutienne. Les 11.000 membres présents se lèvent et applaudissent.

L’ex et futur président remercie et affirme qu’un « accord sur ce qui devrait être fait » était intervenu entre Medvedev et lui « il y a plusieurs années ».

Vrai ou pas vrai ? Aucune enquête sérieuse n’est disponible pour mesurer ce que pense l’opinion de cette chorégraphie mais ceux qui croient qu’il y avait effectivement un accord risquent de déduire que le couple Poutine-Medvedev s’est moqué d’eux en dissimulant la connivence. Parallèlement, ceux qui pensent que Medvedev a essayé de s’imposer et a été contraint de se rallier risquent de déduire que le tandem s’est moqué d’eux en dissimulant la rivalité. Dans les deux cas, les électeurs doivent se sentir floués. De même que se sentent méprisés tous les « apparatchiki » qui n’ont, à aucun moment, été mis dans la confidence.

Poutine, néanmoins, reste populaire. Il n’a pas d’opposants crédibles et il est difficile d’imaginer qu’il puisse être battu en mars prochain. Reste que son nouveau mandat ne ressemblera pas aux précédents. Alors, il faisait figure de « mâle nécessaire » pour mettre de l’ordre dans la pagaille elstinienne (voir Vigilances 59). Aujourd’hui, grâce surtout aux revenus tirés du pétrole et du gaz, la Russie se porte mieux. Cependant, si les estomacs se sont remplis, le vague à l’âme s’est étendu.

Selon un sondage réalisé par l’institut VTSIOM, 39% des jeunes âgés de 18 à 24 ans rêvent de s’installer à l’étranger et les plus déterminés sont les plus diplômés. Ceux qui ne parviendront pas à partir n’accepteront pas éternellement que la politique se résume à un spectacle. Ils voudront, d’une façon ou d’une autre, peser sur leur avenir. Tôt ou tard, il y aura un « printemps russe ». On peut parier (ou craindre) qu’il ne soit pas de tout repos.

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