Nouveau taylorisme

temps modernes.jpgCharlot a immortalisé le travail à la chaîne dans "Les temps modernes". Depuis, beaucoup d’usines ont changé mais le taylorisme, qui avait épargné les bureaux, y est entré. Dans de nombreuses entreprises de services, la plupart des cadres doivent donner un compte rendu détaillé de leurs activités dans des « Time Sheets » de plus en plus précises.

Surtout, l’ordinateur est omniprésent et quiconque loupe un mail est quasiment accusé de faute professionnelle. En France, les 35 heures n’ont rien arrangé car la chasse aux « temps morts » est ouverte. En Angleterre même, le fameux « Tea Time » a disparu. Partout le stress est contagieux. La financiarisation de l’économie qui pousse à une productivité maximale y est pour beaucoup. Mais la propagation des NTIC est un facteur aggravant : au départ, les gens étaient heureux de pouvoir appeler de n’importe où ; maintenant, ils regrettent d’être joignables à tous moments.

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Commentaires

Ce que décrit Louise est totalement vrai sur la forme.

Pendant la période contractuelle d'activité (ie le temps de travail légal) la recherche de productivité par les entreprises est maximale et souvent même en dehors de cette période contractuelle, il est "de bon ton" pour un cadre qui veut faire carrière "d'être joignable"...

Les " 35 heures " n'ont fait qu'accentuer un phénomène dont la tendance me semble lourde dans l'économie moderne.

Toutefois, je ne pense pas que cela signifie le retour du bon vieux Taylorisme mais plutôt une caractéristique du passage d'une économie du "temps de présence sur un lieu de travail" à une économie du "temps de service".

Louise nous parle du problème de pouvoir être joint à tout moment par téléphone mobile. Je crois que cela n'est que la conséquence du fait que nos compatriotes se laissent dominer par "la bête". Autremement dit, ce n'est pas parce que le mobile sonne qu'il faut automatiquement répondre de manière réactive et instinctive sauf à s'être transformé en "chien de Pavlov" ( ce qui est souvent le cas de beaucoup de nos concitoyens ! ).

Ce n'est pas l'existence même des NTIC qui est la source d'une nouvelle souffrance mais l'incapacité à s'adapter à un nouveau "savoir-être" qui tiendrait compte des NTIC.

Pour cela il suffit de prévenir ses amis et collègues que s'ils rendent leurs appels anonymes au lieu de laisser apparaitre leur numéro de téléphone d'appelant, il ne leur sera jamais répondu immédiatement.

Cela est facile à faire comprendre car le téléphone mobile permet la disparition des frontières ( encore d'autres ): celles entre vie au travail et vie privée.

En effet, lorqu'on est sonné comme un domestique, on n'est pas tenu de répondre si on ne sait pas à qui on a affaire !
En procédant de la sorte, tout le monde vivrait mieux !

1) celui qui reçoit un appel sait s'il doit ou a envie de répondre : il reste maître de la "perturbation - agression" qu'il subit.
2) si l'appelant veut rester anonyme, la seule possibilité qui lui est offerte est de laisser un message afin d'être rappelé au moment où celui qui reçoit l'appel le décide... "volontairement".

Il s'agit d'une convention simple qui améliore la vie et diminue le stress !

Dans tous les cas, je trouve que les messageries (ce que l'on appelle la "communication asynchrone" ou non simultanée ) n'est pas assez utilisée.

Faire ainsi rendrait tous nos concitoyens beaucoup plus vivables, moins bruyants, beaucoup plus polis et moins... stressés.

Cela n'est évidemment qu'un palliatif mais il est important pour ne pas être martyrisé.

Ce qui me semble plus intrusif d'une manière générale est la géolocalisation des personnes via les réseaux des opérateurs mobiles.

Finie la confidentialité. Le comble de la transparence !

GM

Je rejoins totalement le point de vue de Gilles Mas sur ce problème lié aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. De plus en plus, la tendance du « tout connecté » est omniprésente, mais surtout de la connectivité permanente. Le slogan "Connect everywhere at anytime" a en effet son corrolaire : "be reachable anywhere at anytime". Cela engendre une modification des comportements pour les personnes connectées, car elles se mettent à recevoir de plus en plus de messages, voulus ou non (le cas du pourriel ou de la prospection téléphonique en est un excellent exemple) et doivent faire face à cet afflux de messages non sollicités. Lors d'une réunion de travail sur le fléau du spam, l'un de mes collègues ironisait en disant que le pourriel englobait les e-mails de son responsable hiérarchique qui lui donnait des ordres, car il s'agissait également de messages non sollicités !
On ressent tous par cet exemple, mais plus généralement dans nos vies quotidiennes cet accroissement de messages non sollicités (pourriel ou collègues), par téléphone ou par internet, et l'augmentation du stress qui en découle, mais ce n'est rien à côté de certains pays.
Aux États-Unis, l'utilisation massive de la messagerie instantanée (MSN messenger et consorts) et des technologies de « push» (Blackberry et autres terminaux communicants) au niveau professionnel provoque une frénésie autour de ces technologies et il n'est pas rare de participer à des réunions ou à des déjeuners où la plupart des personnes présentes pianotent en permanence tout en écoutant le sujet d'une oreille distraite.
Outre le manque de courtoisie associé à ces pratiques, les méthodes de travail changent radicalement puisque la notion de priorité devient floue et l'on se retrouve face à un flux constant de demandes émanant de diverses personnes qui s'attendent à ce que l'on y réponde immédiatement. Difficile alors de se concentrer sur la tache en cours...

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