Le test soudanais

Pour que l’opinion occidentale s’intéresse à des évènements survenus au loin, il faut pouvoir répondre à trois questions : Pourquoi est-ce important ? En quoi cela nous concerne ? Qu’est-ce qu’on y peut ?

Des chapes de silence s’abattent ainsi sur des peuples martyrisés. Ce fut longtemps le cas au Soudan où les musulmans arabes du Nord traitaient les musulmans noirs du Darfour comme du bétail et considéraient les animistes (ou chrétiens) du Sud comme des esclaves.

La donne est maintenant changée. La partition du pays, qui va résulter du référendum en cours, est un évènement d’une grande importance ; il nous concerne et la suite dépend, en partie, de nous.

L’évènement est important : c’est la première fois, en Afrique, que les frontières artificielles issues de la colonisation, sont remises en cause. Les conséquences de ce précédent seront lourdes.

Il nous concerne d’autant plus que, dans un Moyen Orient explosif, les choses peuvent se passer relativement bien ou tourner au drame.

L’action des pays riches (Occidentaux, Chinois et autres) est nécessaire pour que le mieux l’emporte sur le pire. Une période intérimaire de six mois est prévue. De nombreuses questions doivent être résolues :

-       Partage des revenus pétroliers. Les puits sont au Sud, les pipelines sont au Nord. Les compagnies qui exploitent les gisements ou qui ont des concessions seront parties prenantes ;

-       L’aide internationale. Elle doit court-circuiter les élites corrompues. Le cas du nouvel Etat, qui naîtra au Sud, est d’autant plus préoccupant que les « élites » issues du combat n’ont aucune expérience dans aucun domaine civil. Le plus souvent, elles sont même illettrées ;

-       Climat de bonne volonté. Les litiges possibles sont innombrables et certaines violences ne pourront être évitées. Pour que les choses ne dégénèrent pas, le Nord (jusqu’ici ostracisé par la communauté internationale) devra être amadoué. Et le Sud, jusqu’ici martyrisé, devra être incité à la négociation.

Plus facile à dire qu’à faire. Six mois, c’est long. Tout peut se jouer en quelques dizaines de jours.

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