La fin de la domination masculine, symptôme de la métamorphose de nos sociétés

Depuis quelques jours paraissent dans les médias de nombreux articles en réaction au « texte des 100 femmes » publié dans le Monde le 9 janvier par un collectif de femmes pour manifester leur opposition « féministe » à l’égard du mouvement #MeToo (en France #BalanceTonPorc), rendu possible par sa véritable propagation sur Twitter.

Ce texte semble très symptomatique de la période de transition, parfois difficile, que nos sociétés traversent. C’est ce qu’Alain de Vulpian (auteur de « Eloge de la Métamorphose. En marche vers une nouvelle humanité », éditions Saint-Simon, prix de l’Essai de l’Académie française 2016) qualifierait « d’avatar de la métamorphose ».
Pour mieux comprendre ce phénomène, voici, tel quel, un texte rédigé en octobre dernier pour le troisième « Carnet de la Métamorphose » édité par le groupe de chercheurs-veilleurs travaillant autour d’Alain de Vulpian sur le repérage des « signaux faibles » (et parfois forts…) de cette métamorphose.

NB : lire aussi dans la même veine (elle parle de « contre-mouvement ») l’interview de Christine Bard, spécialiste de l’histoire du féminisme, publiée dans le Monde le 11 janvier.

 

"La fin d’une société dominée par le genre masculin ? Merci Twitter !

Les échos médiatiques de « l’affaire Weinstein » sont un peu à l’image de l’effet du bruissement d’aile de papillon décrits par Lorenz…

Avec la véritable traînée de poudre du hashtag #BalanceTonPorc sur twitter (c'est le titre d'un article du "Parisien" consacré à Harvey Weinstein -"A Cannes, on l'appelait le porc"- qui a inspiré la journaliste lanceuse du hashtag en France) et la médiatisation du phénomène qui a suivi dans les médias « classiques », on sent bien qu’on assiste à une sorte de saut de conscience collective, où l’intelligence collective (vision partagée…) a été favorisée par les réseaux sociaux, jouant ici à plein leur rôle de caisse de résonnance.

Avec la « dénonciation » par des milliers de femmes d’histoire de harcèlement dont elles ont été victimes, le phénomène est apparu dans sa cruelle « banalité » : peu de femmes pour s’étonner…

Et le phénomène devient mondial, dans ce sens où il touche le Maghreb, l’Amérique du sud, l’Asie… (lire : http://www.slate.fr/story/152684/mouvements-balancetonporc-metoo-exportent). C’est un nouveau signe du changement d’ère que l’on est en train de vivre.

Pour Idriss Aberkane, que l’on est tenté de suivre, la « réception populaire de toute évolution » passe par 3 étapes : elle est perçue comme ridicule, puis comme dangereuse, puis…devient une évidence. Il cite souvent à l’appui de cela le cas du vote des femmes de la fin du XIXe avec les suffragettes jusqu’au droit accordé au XXe… Si on pense à la notion d’égalité homme-femme, on est en ce moment en train de parvenir lentement mais sûrement à la dernière étape. Certains (tous ceux que ce hashtag et sa propagation ont « révoltés »…) en sont encore à l’étape 2, ils « refusent » donc (argument économico-juridiques à l’appui : « si c’est comme ça, je ne vais plus embaucher aucune femme » ou encore « c’est de la délation, c’est honteux ! ») mais ils risquent vraisemblablement d’être débordés par l’évidence : qu’est-ce qui peut, aujourd’hui,  justifier la supériorité de l’homme et donc sa domination (ici sexuelle) sur des femmes ‘non consentantes’ ?"

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