L’économie collaborative et la croissance zéro

De nouvelles formes d’échanges émergent dans les pays développés. Plusieurs désignations recouvrent ces phénomènes : économie sociale et solidaire, collaborative, circulaire, du partage …..Après blablacar ou Airnb on découvre tous les jours de nouvelles applications surprenantes et pleines d’imagination concrète. Sur le plan strictement économique, leur mode de fonctionnement, n’est pas nouveau et reste bien conforme à l’approche utilitariste. Il y a optimisation de la satisfaction individuelle et du capital à court terme et en anticipations. Acheteurs et vendeurs sont toujours, voire encore plus, rationnels.

Le développement de ce nouveau tissu   économique   s’explique en grande partie par la   baisse des pouvoirs d’achat liée au ralentissement de la croissance, voire par le sous-emploi et la pauvreté ; pour la plupart ces nouveaux services ont vu le jour grâce au numérique et à internet. Mais, les choses ne sont pas aussi simples car les acteurs de cette nouvelle économie sont souvent motivés par des sentiments ou des convictions qui s’éloignent de la simple maximisation de l’utilité. Les prêts d’équipements électroménager favorisent les rencontres et les relations sociales. La récupération, la suppression du gaspillage, la réparabilité des objets, le choix de produits de consommation bio répondent aux exigences du comportement écologique. Le partage correspond à une recherche du low cost mais aussi à une attitude altruiste. Une multitude de questions d’ordre économique, politique, juridique et environnemental doivent être posées. Le groupe Croissance zéro des Vigilants s’est fixé comme objectif de répondre à certaines d’entre elles en essayant de promouvoir des mesures d’intérêt général dans une démarche d’anticipation. En effet, le développement de l’économie collaborative et les perspectives de croissance durablement ralentie, voire nulle, sont deux sujets qui se recoupent. La question fondamentale est celle de la croissance. La croissance zéro est elle souhaitable ou pas ? Sera-t-elle subie de toute manière ? Peut on vraiment imposer un taux de croissance du PIB dans une économie ouverte? La mesure du PIB est-elle efficace lorsque les attentes des citoyens vont bien au-delà de la somme des Valeurs Ajoutées ? Quels sont les effets quantitatifs et qualitatifs de la nouvelle économie sur la croissance ? Quels attitudes, jugements et recommandations doit-on adopter pour ce qui concerne les aspects pratiques de la nouvelle économie ? Ce creuset d’imagination doit il être intégré à l’économie classique en matière de code du travail, droit commercial, normes techniques, ou rester un phénomène marginal plus ou moins bien contrôlé ? Si l’adhésion à de nouveaux modes de production, de distribution et de consommation   devait se confirmer dans la population, les politiques pourrait s’en servir pour faire passer plus facilement des réformes de fond, notamment en matière de protection de l’environnement. L’économie du partage, sociale et solidaire, collaborative, frugale et circulaire revêt une connotation plutôt positive avec le sentiment d’appartenir à un mouvement de civilisation , mais les risques d’insécurité et d’inégalités sociales ne doivent pas être négligés. Quoiqu’il en soit on parle déjà de rupture profonde et d’une nouvelle version du capitalisme fondée sur une nouvelle relation entre l’homme et l’objet, ce qui impose d’y réfléchir avec recul.                  

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