Gagner la bataille économique en Afrique : des révisions s’imposent …

AfricainEn raison d’un développement rapide démographique (près de 2 milliards d’habitants prévus en 2050, dont plus de 600 millions de francophones !) et d’une croissance économique forte, régulière et, pour l’instant, indépendante de la crise, de nombreux pays se pressent en Afrique.

On évoque naturellement la Chine, la Turquie, le Brésil. Mais d’autres, plus petits, moins visibles sont également très dynamiques sur ces marchés émergents.

Ainsi la Malaisie. Avec un stock d’investissements directs en Afrique de 19 milliards $ (2011), elle devance la Chine et l’Inde et se trouve en 3ème position après la France et les USA. Ses investissements portent sur l’agro-industrie (arachide, soja,  huile de palme), le pétrole, les forêts, les infrastructures et les nouvelles technologies. De plus son expertise dans la finance islamique lui ouvre la porte de nombreuses institutions financières.

Sa présence, continuation du soutien historique à l’African National Congress en Afrique du Sud, est le fait d’entreprises publiques (Petronas, Telecom Malaysia, etc.), de banques (ICB International Commercial Bank, présente dans 15 pays d’Afrique), du fond public d’investissement Khazanah (enveloppe de 50 millions $ pour prise de participations dans des entreprises moyennes) et de PME pour lesquelles le coté multi-ethnique de leur pays (malais, chinois, indien) est un atout et facilite les relations avec les africains (environ 200 000 Malaisiens sont déjà présents en Afrique du Sud).

La Malaisie est donc dynamique en Afrique, alors que, nous le savons, la France fait plutôt du sur-place. Pourtant, comme le dit Lionel Zinsou, récemment invité à un petit déjeuner des Vigilants, « les marques françaises sont pré-vendues » en Afrique occidentale et centrale.

Nous voulons ici attirer l’attention sur l’un des facteurs qui expliquent la piètre performance de notre pays : l’inefficience de son dispositif d’aide.

Certes, l’ « Equipe de France Export » est nombreuse. Pas moins d’une dizaine d’acteurs : UBIFRANCE et ses missions Economiques, les Chambres de Commerce et d’Industrie en France, les Chambres de Commerce et d’Industrie à l’Etranger (CCIFE), OSEO, COFACE, les Conseillers du Commerce Extérieur de la France (CCEF), la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique(DGTPE), le Ministère des Affaires Etrangères (diplomatie économique), la Chambre Permanente des Chambres de Commerce Africaines et Francophones (CPCCAF).

Mais elle souffre de plusieurs maux : elle est coûteuse car pléthorique  (il est donc  tentant de couper dans ses coûts en période de crise), elle manque de coordination (les missions de ces différents organismes se recouvrent largement, créant une certaine confusion et un manque de leadership clair) et il y manque des profils d’entrepreneurs (elles sont majoritairement constituées de représentants de la fonction publique, on y trouve peu ou pas d’acteurs du secteur concurrentiel).

La Malaisie, a contrario, dispose d’un « guichet unique » : la Matrade (Malaysia External Trade Development Corporation), agence officielle gouvernementale chargée de promouvoir les exportations. Elle dispose d’un Plan stratégique et constitue un véritable fer de lance de l’économie malaisienne à l’étranger et accessoirement en Afrique.

La France doit donc rapidement effectuer un bilan complet de son dispositif, débouchant sur une simplification drastique, des stratégies pays/secteurs et des objectifs précis, portés par des responsables clairement identifiés.

Faute de quoi nous risquons de rater le prochain train de la croissance africaine.

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