2007 : le danger Bush

070108-Bush.jpgJ’ai honte de le dire et même de le penser mais, en ce début d’année 2007, G. W. Bush me paraît plus dangereux que Mahmoud Ahmadinejad. Le président iranien est un ennemi qui, dans l’immédiat, ne peut pas faire grand-chose. Le président américain est un ami qui, avant la fin de son mandat, peut provoquer des catastrophes en chaîne. On a vu en Irak ce dont il est capable. On peut voir en Iran l’acte II de cette même tragédie.

Il ne s’agirait pas, cette fois, d’invasion terrestre mais des frappes aériennes massives pourraient anéantir le potentiel économique dans l’espoir que la puissance régionale, aujourd’hui dominante, sombre dans le chaos. L’acte III, alors, ne pourrait être circonscrit au Moyen Orient. Des flots de haine se déverseraient sur le monde et nul ne peut prévoir ce qu’ils engloutiraient.

Cette éventualité paraît d’autant plus absurde que l’Iran pourrait, à terme, être un facteur de paix. Pour Khamenei (ou tout autre « guide suprême » qui lui succèderait), l’essentiel est d’assurer la survie du régime. De ce point de vue, la stratégie de l’actuel président a été provisoirement payante bien qu’allant à l’encontre de l’évolution sociétale : la fierté nationale y a trouvé son compte. Maintenant, le vent tourne car la politique économique a été désastreuse. Tôt ou tard, le « guide » aura intérêt à changer de cheval. Il est même permis de penser que George W Bush a commis une première erreur en ne levant pas, quand Khatami était Président, toutes les sanctions imposées depuis 1980. Si les investissements étrangers avaient pu affluer en Iran, si l'industrie pétrolière avait pu être modernisée, si des raffineries avaient pu être construites, il y aurait eu plus de prospérité et, sans doute, Mahmoud Amadinedjad, n'aurait pas été élu.

Maintenant, nous l'avons sur le dos ; il serait inutile et lâche de flatter cet ennemi mais rien n'empêche de faire miroiter de très belles carottes à un éventuel successeur qui ne tiendrait pas le langage de la confrontation.

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Commentaires

L'idée du successeur est excellente sauf que, pour ma part, je n'en vois aucun de sérieux pointer son nez pour l'instant...

D'autre part, ce qui a changé pour l'Iran c'est que les dirigeants actuels utilisent le levier du schisme religieux historique de l'islam chiite pour s'opposerà la prééminence sunnite historique de l'Arabie saoudite, jusqu'à présent, fidèle partenaire zélé de l'empire américain. Or ce levier est fortement mobilisateur pour les populations.

Par ailleurs, le "nouvel Iran" émergeant s'appuie sur le pétrole, de manière indépendante, pour pertuber le consensus mondial des pays consommateurs sous la bannière américaine.

Au vrai sens du terme, le nouvel iran est "révolutionnaire" en ce sens, selon moi, qu'il cherche à modifier profondément l'ordre mondial au travers de ces deux leviers.

C'est semble-t-il comme cela que l'on peut lire le rapprochement "politique" entre le "nouvel Iran" et l'Amérique du Sud.

Depuis les fastueuses cérémonies de Persépolis, qui ont rappelé il y a quelques années qu'une grande partie de l'histoire du vieux monde s'était passée sur ces terres pleines d'histoire et de grandeur conquérante, certains en Iran ( et ailleurs ) se sont pris à rêver à une autre histoire du monde...

GM

cher Marc
Les choses vont vite actuellement à Washington sur le thème de l'Irak.
Oui, Bush est dangereux, car il est enfermé dans des raisonnements en circuit fermé, et il n'entend plus les voix des gens qui ne pensent pas comme lui, quelle que soit l'importance de ces gens.
Mais Bush peut-il engager quelque chose d'important tout seul ? Là est toute la question...
A Washington, le Congrès est fort. Il peut tout contre le président, y compris le destituer...Mais il faut qu'une majorité suffisante se dégage pour.
Concernant l'Irak, après le rapport Hamilton/Baker, il y a une forte tendance au Congrès pour "réduire la voilure" en Irak. Même les chefs militaires sont sceptiques sur les idées de Bush, à savoir "envoyer vingt mille soldats de plus, car nous allons gagner".
Que va t-il se passer dans ce bras de fer Bush/Congrès ? nous n'en savons rien...
Il y a quelque chose de rageant pour tous les habitants de la planète qui ne sont pas américains : des décisions essentielles pour l'avenir du monde vont se prendre à Washington, et nous n'avons aucune prise dessus !
J'aimerais avoir l'avis de Marc Ulmmann sur un point important à mes yeux :
Nous lisons tous les jours dans Le Monde comme dans d'autres journaux européens des tribunes émanant des plus grandes personnalités politiques.
Ainsi il y a quelques jours encore, des opinions d'américains très influents contre les idées de Bush. Bravo pour ces américains, bravo pour la presse européenne qui accueille ces avis.
Ma question à Marc est la suivante : existe-il l'équivalent dans la presse influente aux USA ; par exemple, le Washington Post accueille-t-il des tribunes d'Européens sur la politique américaine ?
Je redoute que les américains, fussent-ils intelligents et influents, ne se comportent en "autistes" c'est-à-dire ne soient pas, par principe, curieux de recueillir l'avis de non américains, aussi intelligents et influents soient-ils...
Nous en serions alors pour longtemps encore sans aucune influence sur le cours des évènements mondiaux, qui se décide pour l'essentiel à Wahshington.
On peut comprendre, devant un tel constat, qu'un évènement comme le 11 septembre soit possible...

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