VW et l’éthique - La leçon de Max Weber

Max Weber a mis en évidence les affinités entre l’éthique protestante et le capitalisme. Il voulait comprendre comment les groupes et les individus réagissent à la tension fondamentale de l’éthique et de l’action : peut-on tout faire au nom de l’efficacité ?

Ce faisant, Weber a posé une question sociologique d’une portée considérable, celle de l’influence des conceptions du monde sur les organisations sociales ou les attitudes individuelles. Raymond Aron, grand lecteur du sociologue allemand, résume : « ce sont les idées, et même les idées métaphysiques ou religieuses, qui commandent la perception que chacun de nous a de ses intérêts ». L’éthique protestante était l’exemple de l’ascétisme dans le monde, c’est-à-dire un effort pour tendre, non à l’accumulation ou la jouissance individuelle, mais à l’accomplissement du devoir terrestre. Pour autant les Protestants stéréotypés par Weber voulaient atteindre leurs buts capitalistes, ils visaient l’efficacité dans l’action.  Et aujourd’hui ? En termes wébériens, on peut dire que les dirigeants de VW – et d’autres avec eux - ont tranché le débat entre éthique et action par une disparition complète de la morale. Si on suit Max Weber, pour rétablir un peu d’éthique il faut partir du rapport aux valeurs qui correspond à notre époque. De nos jours, l’accomplissement du devoir terrestre et sa perspective eschatologique ne motivent plus grand monde, mais le besoin de justice et de valeurs inspiratrices n’a pas disparu. Développer un canevas de règles positives pour changer la perception que chacun a de ses intérêts et de ceux des autres est une réponse. L’affirmation de codes de conduite, de valeurs ou de chartes éthiques fonctionne ; adhérer à des idées nobles conduit à se conduire (plus) noblement. Il n’y a pas de fatalité à voir l’économie capitaliste dériver dans la tricherie et la cupidité.* *Bernard Esambert, ancien Président du club et toujours membre de son conseil d’administration, organise une série de conférences à l’Institut sur ce thème de l’éthique du libéralisme. Son ambition est de faire émerger un consensus autour d'un code d'éthique. La première conférence, donnée par Jean-Pierre Hansen, ancien directeur général adjoint de GDF Suez a eu lieu le 5 octobre. Voir : https://fondationethiqueeconomie.wordpress.com  

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