Qui piège qui ? Pourquoi ?

081231-Gaza.jpgL’attaque israélienne sur Gaza ne peut être considéré comme un évènement isolé : l’escalade est au coin du minaret. Israël est-il tombé dans un piège ou pratique-t-il volontairement la surenchère ?

A l’appui de la première hypothèse, soulignons que c’est le Hamas qui a rompu la trêve et que derrière le Hamas se tiennent le Hezbollah, la Syrie et l’Iran. Soulignons aussi qu’en Iran coexistent plusieurs factions. Des Mollahs réformateurs, associés aux négociants du Bazar, souhaitent un changement de présidence à Téhéran. Ils affûtent leurs arguments en vue de la campagne électorale qui se terminera en juin par la victoire ou la défaite d’Ahmadinedjad. Dans de telles conditions, celui-ci peut avoir intérêt à susciter une crise internationale qui provoquerait en Iran un sursaut islamo-nationaliste. Ses partisans, en incitant le Hamas à rompre la trêve, auraient anticipé la réplique israélienne, joué sur l’impact qu’elle aurait dans le monde arabe et misé sur une escalade. D’abord entre le Hezbollah et Israël puis, possiblement, avec des raids israéliens sur la Syrie voire même sur des sites nucléaires en Iran. Ce faisant, ils auraient accepté de courir le risque de voir les Etats-Unis emboîter le pas à Israël mais auraient estimé que Bush n’aurait pas le temps de le faire et qu’Obama n’en n’aurait pas envie. 

A l’appui de la deuxième hypothèse, peuvent se combiner des considérations géopolitiques et des calculs électoraux israéliens. Une démonstration de force pourrait être de nature à gêner le Likoud qui attaque le gouvernement sur sa droite et l’accuse de faiblesse. Quant au fond, certains stratèges estiment que l’embrasement du Moyen Orient se révèlerait moins pernicieux pour Israël que la lente montée d’Intifadas de mieux en mieux armées. De plus, l’idée d’en découdre avec l’Iran avant que celui-ci dispose d’un arsenal atomique ne serait pas pour déplaire à certains responsables qui continuent de croire à la possibilité d’un soutien américain. 

Que l’on retienne la première hypothèse ou la seconde, deux certitudes méritent d’être notées : 

Ø      Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, va devenir le protagoniste central de la suite des évènements. S’il déclenche des tirs meurtriers sur Israël, l’embrasement est quasi certain. S’il joue la prudence, la bataille se livrera sur le plan de l’opinion mondiale et, plus particulièrement, de celle des pays arabes dont les gouvernements (Egypte, etc.) sont supposés être trop indulgents à l’égard d’Israël. 

Ø      Dans tous les cas de figure, l’Europe sera perdante. La ferveur anti-israélienne se mue facilement en colère anti-occidentale et la géographie est ainsi faite que l’Europe est plus proche des terres d’Islam que ne le sont les Etats-Unis. Des attentats sont à craindre.

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Commentaires

A l’heure où la loi du talion- pourtant déjà bien discutable – est abandonnée. A l’heure ou « l’œil pour œil » est remplacé par « une alouette, un cheval » on peut s’étonner de voir les puissances occidentales et même l’ONU se contenter de sages conseils de modération disant à peu près aux deux parties en présence « Soyez gentils, évitez les massacres », « dans la mesure du possible, évitez de tuer trop d’enfants » … A vrai dire on peut même se révolter devant cette passivité.

Certes Israël a le droit de vivre sans recevoir de roquettes sur ses cités, certes on peut regretter que le Hamas ait pris le pouvoir par la force à Gaza, mais on a le devoir de ne pas oublier que depuis des décennies Israël se moque de toutes les résolutions de l’ONU, que les implantations de nouveaux colons en Cisjordanie n’ont, en fait, jamais cessé durablement et que le blocus de Gaza transformant ce territoire en la plus grande prison du monde n’est pas particulièrement conforme à l’esprit et à la lettre de la Charte des Nations Unies.

Alors faut-il faire la guerre à Israël pour imposer et non pas conseiller la retenue ? La guerre à coup de bombes ? Non merci : il y en a eu suffisamment dans cette zone. Mais la guerre économique : oui. Israël est presque aussi dépendant de l’extérieur que la Palestine. Alors, pour faire cesser les massacres, il suffit de faire la grève des chèques. Plus de subventions, plus d’approvisionnements en munitions, plus de pétrole, plus de … jusqu’à ce que les bombes cessent et que la Palestine vive enfin, sans implantations étrangères, sans blocus.

Pour que les roquettes cessent de tomber sur Israël, un discours semblable devrait être tenu au Hamas. Gaza ne peut vivre sans échanges extérieurs. Mais les sanctions contre les actions violentes auraient bien plus de poids si elles venaient de la communauté internationale plutôt que d’Israël.

Le monde en a assez de voir le conflit israélo-palestinien polluer les rapports entre les musulmans et le reste du monde. Il est temps de voir les Etats musulmans et occidentaux taper ensemble du poing sur la table.

"Le monde en a assez de voir le conflit israélo-palestinien polluer les rapports entre les musulmans et le reste du monde."

Je crois rêver là... C'est vrai que c'est à cause d'Israël que l'attaque terroriste du 11 septembre a eu lieu, que les attentats à Paris du GIA Algerien dans les années 90 ont été perpétrés, que des bombes faisant plusieurs centaines de bléssés ont explosé dans la gare de Madrid et dans les bus et métro à Londres, et pour finir les dernières attaques à Bombay en Inde sur les hôtels remplis de touristes occidentaux et civils indiens innocents... bref, Israël la cause de tous les problèmes sur cette planète !!

J'ai déjà entendu ce discours quelque part et le pire c'est qu'il ne date pas depuis hier et repris par tous les plus grand extrémistes, dictateurs et antisémites du monde... Continuer donc à justifier le terrorisme islamiste et leur régimes dictatoriaux ainsi que leur propagande antisémite, ça ca fera avancer le monde et l'humanité...

@ Etienne Copel : Il y a quelques mois j’avais assisté à une conférence dont vous avez été l'un des deux orateurs et j'avais déjà été frappé de votre parti pris pro palestinien, peu indulgent avec Israël.

Vous avez parfaitement le droit d'avoir une opinion, probablement plus éclairée et moins biaisée que la mienne.

Si les mesures que vous recommandez (pour faire cesser les massacres, il suffit de faire la grève des chèques. Plus de subventions, plus d’approvisionnements en munitions, plus de pétrole, plus de … jusqu’à ce que les bombes cessent et que la Palestine vive enfin, sans implantations étrangères, sans blocus) étaient effectivement prises, Israël en serait certes un peu atteinte mais Gaza serait à jamais éradiquée de la surface de la terre.

Dois-je rappeler que la bande de Gaza était égyptienne jusqu'en 1967, et qu’unilateralement le roi Hussein de Jordanie a, du jour au lendemain, abandonné sa souveraineté sur la Cisjordanie après avoir férocement combattu les Palestiniens chez lui lors du Septembre noir ?

Je me demande néanmoins si la haine du Hamas envers Israël n'est pas équivalente à celle du Hamas envers l'Autorité Palestinienne, de laquelle je rappelle que contrairement au Hamas, elle a été, elle, légalement élue et ne s'est pas attribué le pouvoir par les armes.

Le Figaro d’hier mentionnait qu'un peu moins d'un million de Palestiniens de la bande de Gaza vivent en dessous du seuil de pauvreté, deux dollars par jour.

S'ils recevaient TROIS dollars par jour, la dépense totale annuelle serait d'environ un MILLIARD de dollars.

La pseudo-amitié des pays (26 je crois) des pays membres de la ligue Arabe ne pourrait-elle pas faire que la dizaine de pays arabes extrèmement riches donnent ce milliard de dollars, somme dérisoire pour eux ????

Pourquoi la Ligue Arabe n'a rien fait depuis 1967 pour améliorer le sort des refugiés palestiniens, soigneusement maintenus dans des camps ???

Pourquoi Dubaï aux dépenses irrationnelles dans la construction n’a-t-elle pas recouru à des Palestiniens plutôt qu’à des Philippins, Thaïlandais et autres étrangers, qui représentent plus de 80% des résidents Dubaïens de nos jours ??

La haine anti-israélienne, soigneusement entretenue dans un grand nombre de pays, fait se cristalliser un grand nombre contre "l'ennemi commun" et fait oublier à beaucoup leur misérable existence.

En 1991 Dick Cheney a écrit une lettre de remerciements à Shimon Peres en lui disant que si Israël n'avait pas détruit en 1981 l'usine atomique complaisamment livrée par Chirac à "son ami" Saddam Hussein, jamais l'alliance autour des USA n'aurait pu libérer Koweït.

Un petit supplément à mon précédent commentaire :

L'on peut penser que le Hamas a raison ou qu'Israël a raison.
Mais l'on ne doit pas s'empêcher de lire ce qui suit :

L'auteur, Alan Morton Dershowitz, is an American lawyer, jurist, and political commentator. He is the Felix Frankfurter Professor of Law at Harvard Law School, and is known for his extensive published works, career as an attorney in several high-profile law cases, and commentary on the Arab-Israeli conflict.

Il écrit ce qui suit :

"Israel’s military actions in Gaza are entirely justified under international law, and Israel should be commended for its act of self-defense against international terrorism. Article 51 of the United Nations Charter reserves to every nation the right to engage in self-defense against armed attacks. The only limitation international law places on a democracy is that its actions must satisfy the principle of proportionality. Israel’s actions certainly satisfy that principles.

@ Serge Fradkoff : Vous invoquez l'histoire "Dois-je rappeler que la bande de Gaza était égyptienne jusqu'en 1967 ... les Palestiniens chez lui lors du Septembre noir ", pour etayer votre propos. Parlons donc histoire.

L'Etat d'Israël a été créé en 1947 dans une région qui était globalement sous mandat franco-britannique. La résolution 181 prévoyait la création d'un Etat juif (Israël) et d'un Etat arabe (Palestinien). Or, force est de constater que, 61 ans plus tard, seul le premier existe. Pourquoi ?

Vous ajoutez plus loin, en citant le Figaro "qu'un peu moins d'un million de Palestiniens de la bande de Gaza vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit avec deux dollars par jour" et vous suggérez que pour passer à trois dollars/jour (le Pérou à vos yeux ?), ce qui coûterait un milliard de dollars, il suffirait que "la dizaine de pays arabes extrèmement riches donnent ce milliard de dollars, somme dérisoire pour eux ????"

Belle générosité de votre part. Mais sachant que les Gazaouis sont dans une prison à ciel ouvert ; que le blocus imposé par Israël est total ; qu'ils dépendent d'Israël pour des produits aussi essentiels que l'énergie (électricité, essence...) ; que rien n'entre ni ne sort sans l'accord d'Israël, comment dépenseront-ils ce milliard supplémentaire ? En achetant des oranges et des pommes de terre à Israël ?

Je suis en revanche absolument d'accord avec vous sur le manque de solidarité des régimes arabes, sur leur réthorique stérile et... en un mot comme en cent sur, ce qui les qualifie le mieux, leur indignité. Mais l'indignité des uns ne justifie en aucun cas l'autisme des autres.
Cordialement

Chère Louise,

Un seul Etat existe car les Juifs ont immediatement accepté la résolution 181, alors que les Arabes l'ont rejetée et qu'une demie douzaine de pays limitrophes ont simultanément attaqué les futurs Israéliens avec l'intention affichée de les jeter à la mer.

Non trois dollars par jour ne sont pas le Pérou, ni pour vous ni pour moi : mais si deux dollars par jour sont le seuil de pauvreté, en avoir de deux à cinq est une amélioration notable.

Quant à ma générosité avec l'argent des autres, d'une part je parlais de pays qui affichent une solidarité de façade, d'autre part la générosité de l'UE et celle de la France, ne sont heureusement plus à démontrer même si elles sont insuffisantes.

Sans lien avec ce qui précède : France Inter et certains medias français a-t-elle raison d' appeler Israel "l'Etat Juif" ???
Bien à vous et cordialement
Serge

Chère Louise,

Je viens de lire ce qui suit et qui n est pas sans rapport avec votre question sur la non existence à ce jour d'un état palestinien.
Un chroniqueur saoudien a écrit dans le quotidien arabe, « Al-Sharq Al-Awsat », de Londres, que les Arabes ont perdu leur temps et beaucoup d’argent à essayer de détruire l’État juif.

« Il y a plus de six décennies… que nous [nous sommes mis] à ne parler de rien d’autre que de la Palestine… Et cela a épuisé toutes nos ressources, toutes nos capacités, tout notre temps et toute notre liberté. »

Dans son article traduit en anglais, Mash’al Al-Sudairi écrit que bien que l’occupation «juive» d’une partie de la Palestine constitue «une grande oppression», les Arabes ont une habitude de s’auto-infliger des coups «par leur opposition à la re-création de l’État juif d’Israël». «Lorsque, au début des années 1930, on nous a offert 80 % de la Palestine, alors qu’il n’était offert aux Juifs que 20 %, nous avons rejeté l’offre. A la fin des années 1940, on nous a offert 49 % de la Palestine, 51 % aux Juifs, et nous avons rejeté cette [offre] », écrit Al-Sudairi.

« Je suis certain, [et je suis prêt] à parier et même à jurer, par Allah, si seulement 10 % de l’argent que les pays arabes ont investi dans l’armement de leurs armées au cours de cette lutte futile [contre Israël] avaient été investis dans ce qui restait de la Palestine et de son peuple, la bande de Gaza bénéficierait désormais d’un niveau de vie supérieur à celui de Singapour » a t-il ajouté.

Le fait que les Arabes aient, cher Serge, rejeté la résolution 181 ne la rend pas caduque pour autant. Sans réécrire l'histoire, on peut estimer que les occasions d'une paix des braves n'ont pas manqué ces 20 dernières années. On peut même penser que sans l'échec du processus d'Oslo, le Hamas serait resté à l'état de groupuscule et sa main mise sur la société palestinienne moins grande.

Aujourd'hui les dés sont jetés et la guerre n'est certainement pas la solution. La paix des braves est celle qu'offre le fort au faible.
Pour cela un bon point de départ serait la proposition faite, en 2005, par la Ligue arabe d'une normalisation totale des relations de tous les pays membres avec Israël en échange du retour aux frontières de 1967.

Quant à votre dernière interrogation, je n'ai pas d'avis particulier. Définir Israël comme "Etat Juif" ne me choque pas pour autant. C'est la définition du mot sionisme. A la question "Qu'est-ce que sioniste signifie aujourd'hui ?" Amos Oz, grand écrivain et intellectuel israélien, répond à Médiapart : Le sens de ce mot n'a pas changé, il est aussi simple aujourd'hui que jadis : je suis en faveur d'un pays pour le peuple juif, pour tous les Juifs qui en auraient besoin.
Bien cordialement, Louise

Résolution rejetée, suivie de toutes les guerres successives, pas seulement rejetée.
Le fort doit offrir la paix au faible : vieille habitude de transformer les bourreaux en victimes et vice versa.
Pourquoi imputer au seul Israël l'échec du processus d'Oslo ?

Proposition de revenir aux frontières de 1967 : cette condition est totalement inacceptable et vous le savez.
D'autre part " la proposition faite, en 2005, par la Ligue arabe d'une normalisation totale des relations de tous les pays membres avec Israël " : l'histoire a montré ce que l'Égypte qui a fait la paix avec Israël.......... il y a 30 ans, oui 30 ans considère comme des relations normales suite à une normalisation totale.

"Définir Israël comme "Etat Juif" avez vous écrit : pas "définir" mais l'appeler de cette façon.
Viendrait-il à l'idée de qui que ce soit, vous par exemple, de dire "l'état catholique" pour vous référer à Saint Marin, au Liechtenstein, à Malte ou à Monaco, quatre pays dont la religion catholique est officiellement la religion d'état ??

Décidément, mes opinions biaisées sont diamétralement opposées aux votres, mais comme l'écrivait Voltaire : je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez continuer à les exprimer.

Meilleures salutations

Serge

Merci, cher Serge, pour les extraits du chroniqueur du quotidien arabe, « Al-Sharq Al-Awsat », de Londres, dont je ne renierai pas un seul mot.

Concernant votre dernier commentaire, il ya des tas de choses qui m'échappent comme par exemple "l'inacceptabilité" par Israël du retour aux frontières de 1967.

Il n'en reste pas moins que, malgré nos positions opposées, nous partageons vous et moi une valeur en commun : celle de se battre jusqu'à la mort pour que l'autre puisse continuer à s'exprimer.
Bien Cordialement
Louise

Je suis toujours surpris de constater que dès que l'on parle d'Israël et de la Palestine, le débat devient rapidement enflammé.
Pourtant, ma (mé)connaisance du sujet me permet de constater froidement que:
1/ israéliens et palestiniens sont condamnés à vivre ensemble : tant qu'ils ne l'auront pas compris, aucune solution viable ne pourra être trouvée.
2/ à quelques exceptions près, les limites des territoires palestiniens et israéliens sont acceptés par tous. Où est alors le problème?
3/ Israël étant en position de force, il me semble que c'est à lui de faire le premier pas.

@ : ceux qui n'ont guère apprécié ma position dans " la grève du chéque"

J'ai énormément admiré Israël quand il mettait en place sa démocratie et son Idéal face à un monde arabe hostile et puissant. J'ai même entraîné des pilotes israéliens sur Mystère IV et j'étais fier de le faire. Si j'avais su que cet Etat modèle deviendrait un Etat qui bombarde les hôpitaux et massacre les enfants, j'aurais sans doute été moins fier.

Aujourd'hui, je crois que si
la majorité des Juifs de France se désolidarisait un minimum des excès israéliens, on aurait moins à déplorer la montée de l'antisémitisme.

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