Les États-Unis, c’est bien connu, vivent au-dessus de leurs moyens. Particuliers, collectivités et gouvernement devront faire des économies.
Au niveau de l’Etat, comment définir les priorités ? Quelles dépenses devront être sauvegardées ? Quelles autres devront être sabrées ? Les élections présidentielle et parlementaire de 2012 se joueront sur ces questions.
Le débat budgétaire de cette année nous donne un avant-goût. Un de ses aspects est particulièrement difficile à comprendre pour un Européen : des millions de pauvres militent pour que les riches payent moins d’impôts.
La branche « tea party » du parti Républicain regroupe, en majorité, des gens modestes, plutôt défavorisés que privilégiés. Ils ressemblent aux électeurs européens des partis d’extrême droite, pensent que la mondialisation et l’immigration sont des fléaux, exècrent les pseudos élites jugées politiciennes et anti-peuple. Pour eux, cependant – et c’est là la différence majeure avec l’Europe – la bête noire, l’ennemi principal, le monstre liberticide, c’est le gouvernement central dont les programmes, par définition, ne peuvent être que bureaucratiques et dispendieux.
Sans être familiers des théories économiques, ils tiennent pour acquis la primauté de l’offre. Ils ne souhaitent pas que l’Etat distribue de l’argent pour alléger des souffrances et soutenir la demande mais veulent diminuer les impôts pour encourager l’initiative. Dans un pays où les inégalités se sont creusées (à un niveau jamais atteint depuis les années 1920), le raisonnement semble spécieux. Il n’empêche qu’une partie non négligeable de l’électorat n’en démord pas.
Une large majorité aimerait, cependant, que les exemptions d’impôts (votées à l’époque Bush) ne soient pas reconduites sans modification. La question se posera de savoir où placer la barre : un ménage gagnant plus de 225.000 dollars (150.000 euros) par an (environ 3 % de la population) doit-il être considéré comme très riche ou faut-il seulement taxer les « super riches » dont le nombre est évalué à environ 1% de la population ?
Un autre débat porte sur les marges de manœuvre en matière militaire. Les Etats-Unis, aujourd’hui, dépensent, à eux seuls, plus que le reste du monde tout entier. Leur supériorité technologique est incontestable mais le serait-elle moins si les dépenses militaires représentaient 45 % des dépenses mondiales plutôt que 55 % ?
Si l’on ajoute à cela que la politique commerciale et la réglementation financière ont un impact sur le budget et que celui-ci est le point de passage obligé pour que les idées affectent les portefeuilles, on s’aperçoit que la vision d’ensemble que les Américains se font de leurs intérêts vitaux est en jeu.
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