Plan Geithner : complexités voulues et difficiles équilibres

090515-Geithner.jpgDonner de l’argent aux banques est politiquement difficile. Ne pas en donner est économiquement intenable. Trouver le bon dosage et adopter le ton juste nécessite de l’ingéniosité. Les meilleurs procédés ne sont pas toujours les plus simples.

La palme de la complexité revient au « plan Geithner ». Le secrétaire d’Etat au Trésor est parti du principe que pour soulager les banques de leurs actifs « toxiques », il faut d’abord leur fixer un prix. L’Etat est prêt à mobiliser l’argent nécessaire mais ne veut pas agir à l’aveuglette. Il souhaite que des investisseurs privés deviennent acquéreurs et contribuent ainsi à la formation des prix. Pour les y inciter, il est prévu que, pour chaque dollar investi par un privé, le Trésor Public en investira un et en prêtera douze. Si l’opération se solde par une perte, le prêt n’aura pas à être remboursé. Si elle se solde par un gain, celui-ci sera partagé moitié-moitié entre l’investisseur privé et le Trésor Public. 

Un simple calcul montre que le risque couru par le Trésor Public (c’est-à-dire par les contribuables) est de treize fois supérieur à celui couru par l’investisseur privé. Des économistes « de gauche », dont les prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz, ont crié au scandale. Pour apaiser leur courroux, Tim Geithner a précisé que les investisseurs ne seraient pas nécessairement des institutions financières et que des simples citoyens pourraient se porter acquéreurs. Les critiques ont à nouveau fusé. Quels citoyens ? Les gens aux revenus modestes sont incapables de prendre des gros risques et les investisseurs les mieux disposés à l’égard du plan Geithner sont des « hedge funds » dont le métier consiste précisément à prendre des gros risques mais dont le comportement a fortement contribué au déclenchement de la crise. 

Quelles que soient les critiques, Obama soutient Geithner. Son raisonnement ressemble à celui qu’a tenu jadis Deng Xiaoping « Peu importe qu’un chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape des souris ». L’économie mondiale toute entière ne peut que souhaiter que Geithner attrape des souris !

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