" Piraterie " ou " terrorisme " : une nuance à haut coût

Devinette : Où y a-t-il une force navale internationale d’importance comparable (25 à 30 bateaux) à celle qui soutient les opérations en Libye ? Réponse : en mer d’Arabie et dans l’Océan Indien pour tenter de tenir tête aux pirates somaliens.

Un colloque organisé par le club Présage a permis de faire le point sur cet avatar de la mondialisation.

Atalante, première force navale mise sur pied par l’Europe est le cœur du dispositif. L’OTAN a également sa force. S’ajoutent, au gré des escortes, les marines de guerre chinoise, coréenne, indienne, iranienne, tout ce monde arrivant à se coordonner malgré l’absence de commandement unique.

Le déploiement stabilise la situation mais pas plus. Les rançons, savamment extorquées par des négociateurs très professionnels après six mois de séquestration en moyenne, grimpent régulièrement. On en est à 2 à 5 millions de dollars par bateau et le record récemment atteint pour une cargaison de pétrole dépasse les 11 millions de dollars. Le coût économique global de la piraterie est déjà estimé entre 7 et 12 milliards de dollars par an par One Earth Future. Pour ne prendre qu’un exemple toute l’économie des Seychelles (pêche, tourisme) est déjà gravement affectée. Maersk line par exemple facture une surcharge piraterie de 200 à 500 dollars pour chaque container de 40 pieds qui transite par cette zone.

Assureurs, avocats, gardes armés (auxquels la France préfère les militaires), toute une profession se structure autour de la piraterie. Elle craint que la « piraterie » soit qualifiée « terrorisme » et que l’intervention des assureurs (qui financent les rançons) soit ainsi bloquée. Le risque n’est pas nul. Les camps de base des pirates se déplacent du Puntland vers le milieu de la Somalie assez largement contrôlé par les milices islamistes, souligne Jocelyne Caballero, représentante spéciale de la France chargée de la coordination internationale de la lutte contre la piraterie.

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