La tentation du nationalisme

Après la crise de 2008 comme après celle de 1929 on pouvait craindre la montée du protectionnisme et du nationalisme. La voilà qui arrive. Un mauvais résultat du commerce extérieur, la révélation d’une hypothétique fermeture d’usines chez Peugeot, le moindre courant d’air souffle sur la braise.

Protectionnisme et  nationalisme sont explicites dans le programme du Front National. Ce n’est pas une surprise. En la matière ce sont les compagnons de route des extrêmes qui sont inquiétants. Ils arrivent aussi. Arnaud Montebourg est candidat à la primaire du PS sur la base d’un programme de « Démondialisation » dont il contribue à faire un concept à la mode. Et désormais ce sont d’assez longues brochettes d’intellectuels qui tâtent le terrain et nous parlent « d’intérêt national ».

Le colloque organisé le 8 juin par le groupe Xerfi avec l’économiste Christian Saint Etienne comme directeur scientifique était tout à fait révélateur de cette ambiance. Laurent Faibis, président de Xerfi, a d’ailleurs souligné à plusieurs reprises cette convergence dans l’évocation de la nation et de ses intérêts. Certes les propos restent subtils, intelligents et mesurés (ce colloque était de grande qualité). Hervé Juvin (dernier livre : « le renversement du monde ») parle de la « conscience de soi » que la France a trop oublié. Nicolas Tenzer (dernier livre : « Le monde à l’horizon 2030 ») qui pronostique un retour « éclatant » des Etats contre les organisations internationales plaide pour que la France définisse son « intérêt national » tout en condamnant « souverainisme simpliste et fermeture ». C’est parce qu’il pronostique depuis longtemps l’éclatement de la zone euro que Christian Saint Etienne demande aussi à ce qu’on réfléchisse aux « intérêts nationaux » de la France. Rien de choquant en soi dans chacun de ses propos. La France a le droit d’avoir des intérêts nationaux et de les défendre. C’est la convergence qui interpelle.

En matière de protectionnisme et de nationalisme je crains moins la trahison des clercs que la permission des clercs. Je crains que les propos implicites soient mieux entendus que les propos explicites. Je crois que la propension de notre pays au repli reste forte et n’a pas besoin d’être encouragée. A mon sens ces évolutions méritent « vigilance » voir « point clé ». Mais peut-être mes alarmes sont-elles excessives. J’apprécierai de connaître les réactions des internautes sur ce sujet.

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