La maman et le grand frère

070423-RoyalSarko7.jpgUn président n’a pas à détailler les réformes qu’il souhaite entreprendre. Il doit être, comme l’a écrit Marcel Gauchet, « une tête, une âme, un esprit, une inspiration, une direction ». Son efficacité tiendra moins à ce qu’il fera lui-même qu’à l’envie qu’il donnera aux citoyens d’agir par eux-mêmes.

Ségo veut régler les conflits entre Français comme on règle les querelles entre enfants d’une même famille. Elle est suffisamment socialiste pour récuser le paternalisme mais invente une sorte de maternalisme : les enfants doivent respecter des règles (l’ordre juste) mais savoir se débrouiller (« Il faut conduire sa vie pour la réussir » ; « La solidarité n’est pas l’assistanat » ; etc.). Elle a suffisamment de flair pour sentir les douleurs qui frappent les uns et les autres dans la vie quotidienne. Son action, comme dirait Alain de Vulpian, peut avoir une vertu « thérapeutique ».

Sarko, a tellement la pêche que chacun aimerait être capable d’être aussi performant que lui. C’est comme un grand frère qui peut vous apprendre à jouer au foot à grand renfort de « petit t’as qu’à faire comme moi ! ». De plus, il est suffisamment intelligent pour savoir que tout le monde n’a pas son ardeur et qu’un grand frère ne doit pas abandonner sur le bord de la route les plus vulnérables et les plus fragiles. Son rêve est de donner confiance pour vaincre les peurs.

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Commentaires

Cher Marc,
Par delà votre typologie - en l'occurence pertinente - des deux finalistes, quel est le choix de société qui est à faire ? Quelles sont les deux visions qui se dessinent et parfois s'opposent ?
Si l'économie de marché n'est plus remise en cause, les nuances se situent sur le degré d'intervention de l'Etat dans la vie économique, sur la perception de cette économie de marché mondialisée : menace ou aubaine ?

D'un côté, à droite, la société libérale en phase avec la mondialisation, avalise le marché comme décideur du devenir de chacun, entreprise ou individu, et reléguant l'Etat dans sa sphère "régalienne" de maintien de l'ordre, de justice et de défense.

De l'autre côté, à gauche, une soial-démocratie où l'Etat viendrait comme protecteur contre les rigueurs de cette mondialisation, quitte pour cela à mettre plus encore à contribution l'entreprise en ponctionnant une plus large part de la valeur ajoutée produite. L'assistanat dénoncé par les tenants du libéralisme.

Dans le premier système, les "forts", mieux formés, plus ambitieux, plus combatifs s'en sortent bien et peuvent caresser l'espoir de faire fortune pour peu qu'on les "libère" de la pression fiscale. Le mérite serait donc assis sur : formation, ambition, combativité. Soit la valeur travail au service de la réussite personnelle.
Les mesures qui s'ensuivent seraient logiquement baisse des charges, des impôts, réduction des dépenses publiques, et donc du niveau de protection sociale. Pour faire accepter ce recul social, la comparaison avec les pays à forte croissance et faible protection est présentée à l'avantage de ces derniers.

Dans le second système, les "modestes" moins bien formés, moins ambitieux, moins combatifs voient leur "handicap social" compensé par X mesures d'accompagnement pour se former, de loger, trouver un premier emploi, ou survivre sa perte...
Les mesures qui s'ensuivent vont vers plus de dépenses publiques à finalité sociale, d'où une pression à la hausse des prélèvements obligatoires notamment en direction des entreprises et des classes aisées.

En démocratie, c'est le nombre qui est censé définir l'orientation des lois. Et l'intérêt général devrait être celui du plus grand nombre...
Or, quel groupe est le plus nombreux ?
Clairement celui des modestes, comme l'atteste le salaire médian (1400€/mois)
Alors, pourquoi la droite l'emporte-t-elle depuis 1995 ?

En 1995, Chirac, homme cordial, "sympa" fait une campagne toute en sueur sur la fracture sociale, "la France pour tous". Bingo ! E.Balladur en comparaison faisait trop "administrateur", bref pas très engageant, trop élitiste.

En 2002, la sur-médiatisation anxiogène de l'insécurité fait le lit d'une demande d'ordre au besoin répressif sur fond de xénophobie croissante. La suite on la connait. Rideau...

En 2007, fini l'insécurité. De délinquance plus d'échos, tout est sous contrôle, apparemment... Au delà des programmes-promesses intenables, c'est l'impression qui fait le vote, le sondage qui crée l'adhésion au "gagnant" probable. En résumé :
1995 l'intox par Chirac ;
2002 l'intox par les médias ;
2007 l'intox par Sarkozy et les médias.

Il est hypocrite de prétendre que la course au profit aidera à mieux répartir les richesses ; il est pareillement hypocrite d'affirmer que ces victoires électorales furent l'effet d'un peuple idéologiquement libre et éclairé.
J'y vois l'effet pervers de la médiacratie en action, de l'audace politicienne élevée au rang de vertu...

C'est d'un tel défi à la logique...

Alors, quand sortirons-nous de ces ornières ?
Le score de F. Bayrou à cet égard, est encourageant. Allez, encore un effort !

A Thierry Leitz
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