La dictature des taux

Dis-moi à quel taux tu empruntes, je te dirai comment tu vas. En étant obligée de payer plus de 6% d’intérêt pour emprunter à dix ans, la Grèce allait déjà très mal à la fin du mois de mars. Depuis, le marché a boudé et des transactions ont eu lieu sur une base supérieure.

En « dernier recours », l’Europe semble disposée à prêter, sur trois ans, au taux de 5 %, ce qui est encore cher.

Le niveau des taux est un thermomètre. Moins l’emprunteur paraît solvable, plus le prêteur a tendance à lui faire payer un intérêt élevé. C’est logique mais dangereux. Si la facture devient trop lourde, le risque de faillite augmente. Où se situe la limite ?

Pour apprécier le taux d’intérêt supportable par un Etat, il faut tenir compte de plusieurs facteurs et, principalement, du taux de croissance de l’économie nationale. Plus celui-ci est élevé, plus les recettes fiscales peuvent augmenter et moins le remboursement est douloureux.

En appliquant ce raisonnement et en faisant volontairement abstraction d’autres variables (origine nationale ou internationale des fonds, politique de change, etc.) on peut, sans prétention scientifique, établir le tableau ci-dessous :

Taux à 10 ans PNB

(prévisions 2010)

Indice de soutenabilité
Chine 3,4 9,7 + 6,3
Singapour 2,7 5,3 + 2,6
Corée 4,9 5,3 + 0,4
Japon 1,4 1,7 + 0,3
Inde 8,2 7,7 - 0,5
Etats-Unis 3,9 3,1 - 0,8
Brésil 6,2 5,0 - 1,2
Allemagne 3,1 1,6 - 1,5
France 3,4 1,6 - 1,8
Grande Bretagne 4,0 1,3 - 2,7
Espagne 3,8 - 0,3 - 4,1
Grèce 6,4 - 2,5 - 8,9

A titre indicatif :

Grèce 7,3 - 2,5 - 9,8
Grèce 5 - 2,5 - 7,5

La situation actuelle de la Grèce est la première du genre en Europe mais sans doute pas la dernière. Elle est d’autant plus tragique que le peuple va souffrir des fautes commises antérieurement par ses « élites » … et de la permanente dictature des taux.

Share

Ajouter un commentaire