L’urgence qui imposera la réforme du système monétaire

La rumeur précédant les prochaines grandes réunions internationales laisse présager un doux ronron sur la réforme du système monétaire international. La France s’est livrée à ses incantations habituelles mais le président Sarkozy lui même, président du G20, aborde la question avec beaucoup de prudence et ne semble pas vouloir déployer sur ce terrain son volontarisme habituel.

Il y a pourtant une bonne raison qui pourrait faire avancer le dossier plus vite qu’on ne l’imagine : les caisses sont vides. C’est ce qu’a dit en termes plus feutrés Michel Camdessus, ancien directeur général du Fonds Monétaire International dans le cadre de l’un des « Rendez-vous de la mondialisation » organisés par le Centre d’Analyse Stratégique (ex Plan). Si une nouvelle crise financière survenait, il n’y aurait plus de prêteur en dernier ressort disponible.

Les banques centrales et, notamment, la FED et la BCE ont déjà augmenté leurs bilans dans de telles proportions qu’elles ne pourraient plus aller trop au delà. Pour le moment « rien ne dit au FMI » qu’il doit jouer ce rôle de prêteur en dernier ressort en cas de panique. Et son ancien patron de raconter qu’il a pris la responsabilité de mettre une cinquantaine de milliards de dollars dans le circuit en quelques heures avec le Conseil d’Administration du fonds pendant la crise mexicaine de 1995 et la crise coréenne de 1997 mais qu’on lui a tenu rigueur d’avoir ainsi dépassé le cadre de ses attributions.

La question centrale traitée par « l’initiative du Palais Royal », proposition de réforme conçue par Camdessus et 18 de ses anciens interlocuteurs dont Paul Volcker côté américain, est la transformation du FMI en véritable Banque Centrale Mondiale et donc prêteur en dernier ressort en cas de pépin. Ceci implique bien évidemment de trouver une place à sa mesure à la Chine autour de la table et à sa monnaie dans la composition des Droits de Tirages Spéciaux.

L’ambition à terme d’une telle institution, régie sous la responsabilité du groupe des 20 ou plutôt des 24, serait d’instaurer une vraie limitation de la liquidité mondiale (en substituant une planche à DTS à la planche à dollars) mais, dans un premier temps, son utilité pourrait être au contraire de créer une nouvelle source de liquidité.

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