Jean-Marie « la tripe » en embuscade contre Bayrou « la science »

Vue de l’étranger, la campagne pour l’élection présidentielle française a quelque chose d’incongru. Un « troisième homme » venant du centre, c'est-à-dire de nulle part, peut battre les favoris. Cependant, cet étrange champion n’est pas certain d’arriver en finale. Il peut même être privé de la médaille de bronze.

Pour avoir une chance de gagner la médaille d’or, François Bayrou devra d’abord empocher la médaille d’argent. Il faudra, pour cela, que Sego ou Sarko s’effondre. Or, rien ne prouve que la « Dame aux caméras » va « exploser en vol » comme l’ont prédit certains de ses « bons amis » socialistes. Quant au « Napoléon de Neuilly », s’il n’est pas à l’abri d’un faux pas, rien n’indique encore qu’il soit sur le point de trébucher. Pour « l’étoile du Béarn », l’accès à la médaille d’argent est loin d’être assuré.

Et la médaille de bronze ? Le Pen qui a finalement récolté ses 500 signatures avance des idées simples susceptibles de séduire la partie de l’électorat populaire qui répugne à la complexité. Fait nouveau : des immigrés musulmans sont maintenant prêts à lui faire confiance. Ces ralliés sont contents d’être français et la perspective de nouveaux arrivants a plus tendance à les effrayer qu’à les réjouir. Madré, le « fils de marin pêcheur » fait tout pour les appâter. Il exercera, dit-il, un « contrôle strict de l’immigration » et accordera les avantages sociaux « à tous les Français mais seulement aux Français ».

Bayrou, lui, ne répugne pas à la complexité. Homme de consensus, il croit à la réforme et souhaite redonner à ce mot galvaudé ses lettres de noblesse. Centriste, il joue sur l’envie d’un nombre croissant de Français, d’échapper aux idéologies surannées et dominatrices de droite et de gauche. S’il parvenait au second tour, il bénéficierait, par surcroît, de l’apport de ceux qui, par défaut, voudraient « tout sauf Sarko » ou « tout sauf Sego ». Encore faut-il sauter l’obstacle du premier tour. Or, c’est un rude pari de s’adresser à la raison à une époque où prime l’émotion. Un pari courageux.

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Commentaires

Les deux favoris, Cher Marc, n'avaient rien vu venir. Tant que le troisième ne pouvait être, à leurs yeux, que Le Pen et considérant cette perspective comme moins dangereuse - 21 avril 2002 oblige -, ils ont multiplié les envolées lyriques sur la nécessaire modernisation de la politique, le dépassement de clivages archaïques...

Bayrou arrive et tout d'un coup les deux champions retrouvent un certain attrait pour l'opposition frontale et leur mot d'ordre devient : hors d'une gauche et d'une droite qui s'étripent, point de salut. C'est dire le désarroi qui doit être le leur... Même si Ségolène Royal semble, à ce jour, avoir plus à perdre de la percée de Bayrou que Nicolas Sarkosy.

Vous avez raison, par ailleurs, de souligner que Jean-Marie Le Pen qui se tient en embuscade n'a pas dit, encore, son dernier mot. Et il n'est pas certain du tout que la "droitisation" du discours de Sarkosy le désserve. Sachant qu'il se trouvera toujours des électeurs pour préférer l'original à la copie, cette radicalisation du discours de droite, de plus en plus décomplexée sous l'égide de Sarkosy, pourrait avoir l'effet inverse de celui escompté. Le Pen au second tour en 2002. Pourquoi pas, plus fortement, en 2007 ?

Cette configuration pourrait être bénéfique pour Bayrou aussi. Excédés par la dérive de Sarkosy, un certain nombre d'électeurs de droite et du centre pourraint venir grossir la masse des électeurs déçues de Royal et lui permettre d'accéder à un second tour qu'il ne pourra que remporter.

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