Euro : paris pour 2013

En novembre et décembre 2011, le bruit a couru que l’Euro ne passerait pas Noël. Le doute s’est installé bien que l’hypothèse fut absurde : aucune des forces aux commandes de l’économie mondiale n’avait intérêt au démantèlement ; et les protestataires n’étaient pas organisés.

En sera-t-il de même dans deux ans alors que les gilets de sauvetage ont été lancés aux banques plutôt qu’aux contribuables ?

Le 21 décembre, la BCE a ouvert son guichet. 520 banques se sont ruées. 489 milliards d’euros (le quart du PIB annuel de la France !) ont été prêtés au taux exceptionnellement avantageux de 1 %. Reste à savoir ce que les banques feront de cet argent.

Elles s’efforceront, premièrement, d’apurer leurs comptes en remboursant des dettes plus coûteuses. Elles garderont aussi du « cash » pour bien prendre le temps de vendre des actifs au lieu d’avoir à les brader. Ainsi, le spectre de grosses faillites sera-t-il écarté au moins provisoirement. C’est une excellente nouvelle mais les besoins de crédit des entreprises et des Etats ne seront pas, pour autant, satisfaits.

Les banques, c’est normal, choisiront leurs clients en fonction des risques à courir et des bénéfices à espérer. La plupart des grandes entreprises sembleront, sans doute, plus attractives que la plupart des PME lesquelles, du coup, seront peu enclines à embaucher. Et l’on voit mal, par ailleurs, pourquoi les banques se précipiteraient pour acheter massivement des obligations à long terme émises par des Etats jugés impécunieux. Pour se refinancer, ceux-ci seront contraints de payer des intérêts élevés.

Prenons le cas de l’Etat italien. Le seul refinancement de ses dettes arrivant à échéance en 2012 se monte à environ 400 milliards d’euros. Si la BCE s’était crue autorisée à lui prêter, au taux de 1%, la moitié de cette somme, les intérêts seraient de 2 milliards. En revanche, si les taux imposés par le Marché tournent autour de 6%, le débours se montera à 12 milliards. La différence (10 milliards sur un an) n’est pas gigantesque mais le processus est cumulatif et, en période d’austérité, on est prêt à se mettre à quatre pattes pour ramasser le moindre sou qu’on a imprudemment jeté en période d’euphorie.

Le cas de la France est à peine différent de celui de l’Italie. Un peu partout en Europe des slogans vont fleurir du genre : « Banco pour les banques mais Haro sur les peuples ! ». Et, quand bien même l’intérêt des peuples concernés serait de ne pas renoncer à la monnaie commune, des bons esprits prétendront que de fortes dévaluations entraîneront des mises à niveau salutaires. De nombreux réseaux répercuteront cette affirmation et des politiciens qui, aujourd’hui, se battent pour l’euro, se mettront – prudence et calcul électoral obligent ! – à songer à des « plans B » de retrait plus ou moins ordonné.

Entre Noël 2011 et Noël 2013 deux longues et dures années vont s’écouler. A mon avis, l’euro tiendra et l’Europe, au total, sortira renforcée. Mais le pari n’est plus sans risque. Je n’oserais pas mettre une grosse somme sur la table.

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