Dette pandémique ?

Les vacances sont traditionnellement propices à la rêverie. Mais les temps actuels ne s’y prêtent pas. Le temps est lourd et nous prenons davantage conscience de son écoulement.
Dans ce contexte épidémique, la croissance économique est faible, l’ensemble de notre modèle économique vit un point de bascule entre deux mondes. Dieu que c’est difficile de répartir la rareté en espérant dégager les voies du futur, cela ressemble étonnamment à un va-et-vient continu.

Pour la première fois de son histoire l’UE va s’endetter.
La pandémie n’a fait qu’amplifier la croissance de l’endettement qui était à l’origine de la crise de 2008, remontant elle-même à 1983 pour la France, et qui s’est poursuivie après cette crise au niveau mondial.
Il n’y a certes pas de recette miracle en matière de gestion de dette publique sans limite, mais quand même, pour la France c’est 60% en 2000 et 120% en 2020. Telle est la croissance de la dette publique du pays au regard du PIB. Les Allemands sont eux autour de 60%.

En la matière, la dette privée n’est pas en reste mais elle est très importante pour l’entreprise et pour la croissance. Synonyme de progrès, elle est en termes de valorisation de l’actif moins bancale que la dette publique.
Comment atterrir raisonnablement sous ce ciel nuageux, avec tous ces vents rabattants et turbulents sur lequel viennent se greffer des macro-rafales sanitaires, sinon par un appel à la vigilance et à la lucidité ?
Car la dette c’est toujours un pari, quel que soit son coût. Mais on a du mal à rembourser sans croître. Si on ne rembourse pas ses dettes on ruine la population et cela ne favorise pas les parenthèses paresseuses.
Certains modèles d’affaires seront à coup sûr revisités de manière importante.

Dans le même temps, tout modèle est sujet à erreurs dont les conséquences apparaissent a posteriori, c’est-à-dire une fois le mal réalisé. Il est de plus en plus difficile de faire le distinguo entre la performance normale des entreprises et les perturbations engendrées par la crise actuelle.
L’univers complexe dans lequel les entreprises comme les citoyens se meuvent ne répond à aucune classification binaire.
Rien qu’en France, bientôt 2 millions de personnes vont basculer dans la pauvreté, et cela ne va pas être simple de les en faire sortir.
Ce contexte pénible, par-delà l’économie, va rendre encore plus difficile le règlement des problèmes sociaux.

Les conséquences pratiques de ce blocage de dettes, c’est la déstabilisation du pacte social.
N’a-t-on pas abimé ce pacte social en faisant de la mauvaise dette chaque année ?
Que de Don Quichotte animés de la prétention de vaincre on ne sait quel mal, de protéger quels opprimés, et tout cela accompagnés de Sancho Pansa ventripotents et si désireux de conforter cet état !

Mais quelle forme de cécité, autre que les postures dogmatiques, empêche donc de percevoir les changements et autres transformations à l’œuvre dans cette cyclique épopée qu’est l’histoire des hommes ?
Nombreux sont les demi-raisonneurs ennuyeux à souhait, taisant la réalité de feue la croissance, pratiquant une militance politique d’un autre temps.
Et dire qu’on ne peut même pas compter sur la sénescence d’un nombre d’absurdités à l’œuvre qu’estompait auparavant la croissance. Avec le numérique, c’est un vent planétaire qui souffle.

Dans ce vortex temporel, d’étranges mutations sont entrain de modifier nos relations : les nouvelles technologies, la vacuité d’une vie vouée à la consommation, la montée d’aspiration nouvelles et on en passe.

Il semble impérieux de rompre avec les vielles amarres pour éviter la honte, les risques et tourments de la guerre civile.
Si le présent intéresse encore, et sans chercher à avoir une conduite de mystagogue, « prêtons attention aux meutes de loups fondant sur les agneaux » car c’est le règne de l’animalité qui prévaudra à cet instant.

Nous n’ignorons pas qu’il est dangereux d’avoir recours à de l’endettement juste dédié au fonctionnement alors que ce qui importe c’est l’investissement.
Il semble à cet égard, qu’un consensus, à l’instar de l’après-guerre, s’impose de plus en plus pour parvenir à une véritable politique de redressement avec un nouveau pacte social construit sur une majorité plurielle.

Serait-t-il déraisonnable de se référer aux procédures d’après-guerre, puisque nous sommes en guerre, pour l’établissement d’un front commun prenant en considération les effets asymétriques de la mondialisation ?

Les Hommes que nous sommes ont besoin de règles justes et de bon sens pour que cela se passe bien.

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