« Tellement à faire, si peu de temps »

L’hebdomadaire londonien, The Economist, n’a jamais été tendre pour la France ni favorable au socialisme. On peut donc soupçonner qu’il y ait une part de malignité dans le choix de sa couverture du 17 novembre présentant la France comme « la bombe à retardement au cœur de l’Europe ».

Difficile, en revanche, de critiquer John Peet pour le titre du « Rapport Spécial » qu’il a coordonné. «  Tellement à faire, si peu de temps » est exactement la situation dans laquelle se trouve François Hollande.

Ni Chirac, ni Sarkozy n’ont été pour Hollande ce que Schröder a été pour Merkel. Lorsque le nouveau président français est arrivé au pouvoir, le terrain n’était pas déminé. Or, l’économie mondiale est plus tourmentée qu’en 2003 et le délai tolérable pour améliorer la compétitivité est dramatiquement court.

C’est en 2003 et en 2004 que Schröder a élaboré son « Agenda 2010 ». Lui et/ou ses successeurs avaient donc plus de 5 ans pour étaler la mise en oeuvre. Hollande ne dispose pas de cette marge. Les investisseurs étrangers qui, pour le moment, se ruent pour acheter des Bons du Trésor français, peuvent, d’un jour à l’autre, devenir plus réticents. Le renchérissement du crédit alourdirait alors le poids de la dette et la France se trouverait dans la situation où se trouvent aujourd’hui l’Espagne et quelques autres. Cela changerait la donne pour l’Europe toute entière tant il est vrai que, depuis 1950, la France est « au cœur » de la construction européenne et que, sans elle, l’euro n’aurait pas été établi en 2002.

Reste à savoir si le pari lancé par Hollande est gagnable. The Economist n’y croit guère car, de son point de vue, la France est malade de son centralisme et ce genre de maladie requiert un traitement de choc affectant rapidement toutes les dépenses publiques. Le « pacte » prévu par Hollande tend, au contraire, à éviter les chocs et ne commence vraiment à être effectif qu’en 2014.

Les adeptes de la politique française rétorquent que, même si les résultats de 2013 ne suffisent pas à satisfaire The Economist, les « investisseurs avisés » ne se braqueront pas sur les chiffres et leurs virgules, ils regarderont la tendance. C’est sans doute vrai mais, compte tenu de l’accumulation des difficultés et des malentendus, rien ne prouve que la tendance sera bonne.

L’année 2013 s’annonce comme décisive.

Share

Ajouter un commentaire