Voice of America

090120-Obama-Capitol.jpgCeux qui liront Vigilances, la lettre mensuelle du Club des Vigilants, après le 20 janvier auront peut-être en tête une phrase ciselée par Barack Obama pour son discours inaugural. Cette phrase, reprise et commentée par tous les médias, colorera une journée qualifiée d’historique.

En ce mardi 20 janvier, je sais seulement que sur les 66 millions d’Américains qui ont voté Obama, 2 millions - au moins ! – s’apprêtent à envahir les rues de Washington. Certains ont commencé dès la semaine dernière. Des bus ont afflué de partout. La moindre chambre se loue à prix d’or. Malgré la dureté des temps, des bals, largement sponsorisés, sont fastueux mais, à cause de la dureté des temps, les « invités » du Président et de son épouse Michelle devront consacrer une journée à une « activité sociale » qui leur sera assignée. 

Tout ceci est le sommet de l’iceberg. Quand bien même les envahisseurs de la capitale seraient-ils quatre millions et non pas deux, ils représenteraient à peine un tiers du nombre d’adresses email récoltées par l’équipe Obama au cours de la campagne. Selon David Axelrod, qui sera le « Conseiller spécial » du nouveau Président, il y a là de quoi moderniser tout l’art de gouverner. En rendant plus efficace à la fois le « top down » et le « bottom up ». 

En ce qui concerne le top down, la masse des supporters peut, dans chaque circonscription, influencer les élus et ainsi rendre plus facile l’adoption des lois par les deux chambres du Parlement. Il est, d’ores et déjà, question de battre le record établi par Roosevelt : quinze lois anti-crise votées dans les cent premiers jours de son premier mandat ! 

Le bottom up pourrait revêtir deux formes. D’une part, l’implication des citoyens aurait une influence sur la façon dont seraient mises en pratique les mesures décidées en haut lieu. D’autre part, la masse des suggestions recueillies permettrait de repérer les vagues d’intelligence collective qui, parfois, reflètent les aspirations profondes de la société. 

Ce concept est essentiel car la véritable « écoute » est aux antipodes des émotions changeantes suscitées par les dernières images montrées à la télévision ou par les sondages les plus volatiles. Suivre la mode est la négation même de la responsabilité. « Etre dans le vent, a écrit Kundera, c’est l’ambition d’une feuille morte ». La véritable et légitime ambition est le contraire de cela. Elle incite à définir des objectifs mais à s’informer avant de décider, à percevoir les besoins avant d’apporter les réponses.  

Reste à savoir si le consensus (relatif) que saura établir Obama à l’intérieur des Etats-Unis sera compatible avec ce que le reste de la planète attend du nouveau Président. Les difficultés sont innombrables et pas seulement psychologiques. Pourquoi, par exemple, les Chinois continueraient-ils à financer le déficit budgétaire américain (qui va être massivement accru par le plan de relance) alors qu’eux-mêmes peuvent vouloir donner la priorité au soutien de leur croissance interne ? Et comment venir à bout du casse-tête moyen oriental ? 

Les « cent jours » vont être décisifs. La voix de l’Amérique deviendra audible mais l’Europe aura encore une chance de se faire entendre … si, elle aussi, devient audible.

Share

Ajouter un commentaire