Pas de panique sur la Turquie, mais…

La Turquie d’Erdogan, représentée par le Premier ministre Ahmet Davutoglu (photo), a eu droit à un « sommet », dimanche 29 novembre à Bruxelles. La chancelière allemande en visite en Turquie il y a peu avait déjà évoqué la reprise de négociations sur l’adhésion de la Turquie, ce qui avait motivé les interrogations d’un Vigilant (voir alerte du 12 novembre « Quelle mouche a piqué Angela Merkel ? »).

La perplexité est d’autant plus grande devant ces informations que le jeu de la Turquie d’Erdogan dans un proche orient déjà compliqué n’est pas facile à analyser. De nombreuses interrogations subsistent sur son attitude à l’égard du terrorisme islamiste. Dernier épisode en date : le bombardier russe abattu par les turcs. Tentons au moins de répondre aux interrogations exprimées par Bernard Bougel sur la stratégie allemande. Vers quelles nouvelles relations avec la Turquie Angela Merkel veut-elle entraîner l’Europe ? Le gouvernement allemand pense, semble-t-il, qu’il faut absolument parler avec ce partenaire compliqué et contradictoire. Notamment parce que la Turquie était et peut redevenir le verrou du déferlement trop rapide de réfugiés syriens vers l’Europe. On estime à Berlin que la Turquie a tous les moyens de le contrôler et a délibérément pris la décision d’ouvrir les vannes début 2015. L’Europe a donc proposé à la Turquie une importante aide financière pour compenser le coût de l’accueil des réfugiés. Ces trois milliards d’euros ne soulèvent pas grand débat. Mais la Turquie et son Président Erdogan ont aussi besoin de considération. D’où le « sommet » de Bruxelles et l’évocation d’une reprise des négociations d’adhésion à l’Union Européenne. Pas de problème pour rouvrir les négociations si cela leur fait plaisir, estiment en substance les diplomates allemands. De toute façon elles n’aboutiront jamais. La Turquie d’Erdogan, elle même, n’est pas décidée à remplir les multiples conditions posées par l’Europe. Restent deux problèmes de taille. D’abord l’opinion publique européenne n’est pas habituée à décrypter les subtilités des diplomates et risque de s’inquiéter, dans la période actuelle, qu’on lui reparle d’élargir l’Union européenne à la Turquie. Les populistes de tout poil peuvent se saisir facilement de ce sujet. Deuxième problème, la Turquie n’a absolument pas l’intention d’intégrer les réfugiés syriens qui pourraient d’ailleurs finir par trouver d’autres routes. Les retenir en Turquie n’est donc qu’une solution provisoire. Il faut absolument trouver une solution à la guerre civile syrienne.

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