Le devoir de combattre

UnknownCette semaine une ministre de la république s’est tu devant un salafiste qui ne se dissimulait pas et qui la provoquait se vantant, notamment, de ne pas serrer la main des femmes. La ministre a, d’après ses dires, été « sidérée » par les propos de son interlocuteur auxquels elle n’a pas voulu répondre pour ne pas leur donner de l’importance. Sidération est un terme fort; au sens médical c’est la suspension brusque des fonctions vitales. C’est, par analogie, ce que cherchent les terroristes par leurs attaques et leurs propagandistes par différents moyens. J’avoue à mon tour avoir été sidéré de voir la puissance publique devenir, à travers sa représentante, petite souris et se taire devant la mise en cause d’un principe cardinal de la société française et l'absence de condamnation claire des crimes de Daech.

Au-delà du cas individuel, chacun est en droit de se poser la question : les politiques sont-ils capables de défendre notre mode de vie et les principes que nous considérons universels  ou sont-ils englués dans des contradictions qui les rendent inopérants face aux menaces? Certains commentaires ont par exemple souligné la confusion qui se répand et qui consiste à confondre défense de la laïcité et anti-islamisme.

Le président manie l’outil militaire avec dextérité. Rendons-lui hommage, mais ayons la lucidité de voir que le combat de haute intensité n’est pas le plus compliqué. Et ceci pour deux raisons au moins : la décision est hyper-centralisée et soutenue par des institutions puissantes à commencer par l’armée ; à peu près personne ne conteste sa légitimité après des attentats. Ce qui est compliqué c’est la basse intensité. Ce sont les attaques insidieuses de principes présentés comme culturels, c’est-à-dire relatifs ; c’est la contestation au quotidien qui laissent les agents des piscines municipales, ceux des hôpitaux ou les chefs d’équipe seuls face à des individus déterminés à abolir l’égalité hommes/ femmes.

Pour cette raison, le combat pour les principes est capital. C’est le rôle des politiques de les légitimer et les rendre authentiques, c’est-à-dire accessibles à tous. Les mots sont forts quand on les charge de confiance et de valeur. Dans le cas contraire ils sont dévastateurs.

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