La fausse écoute des vrais politiciens

Ce n’est pas une nouveauté, cela a été écrit mille fois : un fossé se creuse entre la classe politique et les citoyens. Pourtant, la classe politique est composée d’élus qui passent beaucoup de temps avec leurs électeurs. Cherchons l’erreur …

Lorsqu’un électeur rencontre un député ou un ministre, il profite de l’occasion pour lui faire part d’un problème personnel qu’il a du mal à résoudre. Bon prince, l’élu promet d’entreprendre une démarche. Il se comporte un peu comme un médecin qui, après une consultation de cinq ou dix minutes, rédige une ordonnance. Il a bonne conscience puisqu’en soignant le bobo qu’on était venu lui montrer, il a fait son « métier ». Le vécu des gens, dans son quotidien et sa complexité, n’était pas à l’ordre du jour !


Conclusions :


-Il se crée un malentendu profond entre les élus qui, allant « sur le terrain », croient sentir « le pouls du pays » et les gens qui ont le sentiment d’être incompris. Pour plus de deux Français sur trois, « ils » ne se préoccupent pas de « nous ».


-Le malentendu est accentué par le recours abusif aux sondages. Ces enquêtes instantanées sont, par définition, volatiles. De plus, elles privilégient les opinions claires et négligent les aspirations diffuses.


-Les gouvernants, s’ils voulaient vraiment être capables de tenir un gouvernail, devraient mener des enquêtes en profondeur et, pour cela, se doter de radars sociaux d’un niveau de complexité compatible avec celui du milieu pour lequel ils opèrent.


Les maires, surtout dans des villes moyennes, échappent souvent au discrédit où est tombée la classe politique parce qu’ils prennent le temps d’écouter pour de vrai. C’est donc, peut-être, en partant des maires que la reconstruction pourrait commencer.

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