Pour un Martin Luther King day à la française

imagesLe troisième lundi de janvier les Américains célèbrent la naissance du docteur King. Le Martin Luther King day est un jour férié fédéral instauré au début des années 1980 après un large vote du Congrès. Avec ce choix les élus américains ont pointé la ségrégation raciale, une ligne de fracture de la société américaine. C’est un choix audacieux, dit avec la netteté de l’anglais : they prioritized a black activist.

C’est un jour férié actif. Les participants se réunissent et discutent de la déségrégation. Les sportifs, les élus, ceux qui ont une tribune parlent aux jeunes, ils les aident à élargir leur horizon. On se met au service des autres, par exemple en donnant son sang.  Ce n’est pas un barbecue day.

Les jours fériés français jalonnent les couches successives du ciment national : la chrétienté, la révolution, la guerre. Sont-ils dynamiques d’un point de vue civique ? La fête de la fédération et les 14 juillet successifs ont soudé les Français autour des acquis de la révolution puis de la république mais rien n’est jamais acquis. Le temps affadit la communion, c’est fatal ; l’armistice n’a pas la même résonance qu’il y a cinquante ans. Aujourd’hui le festif domine, les jolis weekends de mai font consensus. Il n’y a pas de mal à célébrer la fête et le temps libre, c’est le signe que la société est en paix avec les autres et avec elle-même.

En janvier, la France a été attaquée. Elle a été attaquée pour ce qu’elle est. L’attaque fait ressortir des tensions qui affaiblissent la communauté nationale. Le bal musette, aussi sympa soit-il, ne suffira plus. Les tensions ont pour origine l’intégration inachevée des populations issues de l’immigration et, plus loin dans le passé, la colonisation. Ces tensions sont hors du champ des célébrations publiques ; tant qu’elles le resteront, elles reviendront en boomerang. Tout le monde les connaît mais sur la place publique et républicaine elles sont dans l’angle mort. Une collectivité est une construction permanente, elle doit se confronter, y compris symboliquement, avec ce qui la travaille, c’est une condition pour être plus forte contre ses ennemis.

Toucher aux jours fériés n’est pas simple, c’est même explosif. Dans ce cas, la difficulté aura une valeur : il faudra discuter, bâtir ensemble, faire de la politique au sens noble. Sous une forme qui est à trouver, une célébration apportera sa force symbolique et motrice. Pour lancer la réflexion : les DOM/ TOM célèbrent la fin de l’esclavage, pourquoi eux seuls ?

 

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