
Remarquable tribune de deux juristes dans Le Monde daté du 16 septembre. L’un Kamel El Hilali, est chercheur à Paris Assas, l’autre, Aziz Huq, enseigne à Chicago.
En substance ils attirent notre attention sur la manière dont le concept à géométrie variable de « sécurité nationale » fait dériver la démocratie au plus haut niveau de l’État. Importé des États-Unis par Nicolas Sarkozy en 2008, il est largement utilisé depuis. Il permet en fait à un Président d’organiser des réunions dont les échanges sont secrets sur « n’importe quel sujet ». Aux États-Unis, qui l’utilisent depuis 1947, ils y voient une des sources de « l’expansion constante du mandat présidentiel » et de « l’affaiblissement concomitant de l’autorité du congrès ». Ils décrivent toutes les dérives possibles du pouvoir présidentiel qui en découlent. Donald Trump n’a eu qu’à s’en emparer en vidant le « National Security Council » de tous les experts qui pourraient le déranger.
Tirons ce fil un tout petit peu plus loin. Deux idées.
- Le nationalisme est le principal poison de la démocratie et le socle sur lequel se bâtissent les pouvoirs autoritaires. Une fois qu’ils sont au pouvoir les atteintes à la « sécurité nationale » sont le prétexte le plus évident pour « justifier » la mise au pas de tous ceux qui les dérangent.
- Avant même que des dirigeants nationalistes ne risquent de s’emparer du pouvoir nos démocraties dérivent. Elles mettent en place de multiples outils comme ce « conseil de défense et de sécurité nationale » en France dont des présidents moins attachés à la démocratie qu’ils ne le prétendent (sauf pour gagner le pouvoir par la voie électorale) s’empresseraient de se servir.
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